Des migrants sont escortés par des militaires britanniques à leur arrivée à Douvres, le 1er mai 2022. Crédit : Reuters
Des migrants sont escortés par des militaires britanniques à leur arrivée à Douvres, le 1er mai 2022. Crédit : Reuters

Entre le 1er et le 2 mai, 547 migrants ont débarqué au Royaume-Uni, selon les chiffres du ministère britannique de la Défense. Ces arrivées massives font suite à onze jours sans traversée du fait d’une mauvaise météo. Malgré la militarisation de la frontière, elles n’ont jamais été aussi nombreuses. Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les chiffres ont triplé en un an. L'association Utopia 56 s'alarme de ces départs toujours plus risqués "dans des conditions extrêmement dangereuses".

Au Royaume-Uni, le retour d’un temps clément sur la Manche a coïncidé avec de nouvelles arrivées de migrants sur les côtes britanniques. Dimanche 1er et lundi 2 mai, 547 migrants ont débarqué dans le sud du pays après avoir été interceptés en mer.

Dimanche, ce sont 250 personnes qui sont arrivées à bord de sept embarcations. Lundi, le ministère de la Défense a indiqué que 293 personnes avaient débarqué à bord de neuf embarcations.

Ces nombreuses arrivées surviennent après onze jours consécutifs sans arrivées sur les côtes britanniques. Les autorités avaient avancé que cette diminution pouvait s’expliquer par l’effet dissuasif de l’accord conclu entre le Royaume-Uni et le Rwanda. Mais il semblerait qu'il n'en soit rien. C'est bien la météo qui est en cause.

InfoMigrants a récemment interrogé des migrants à Calais qui attendent de pouvoir traverser la Manche. La plupart d’entre eux ont affirmé qu’ils comptaient toujours tenter de rejoindre les côtes britanniques malgré l’accord migratoire avec Kigali. "On va essayer de passer et, une fois là-bas, on fera tout pour ne pas aller au Rwanda", avait notamment déclaré à InfoMigrants Alladin, un jeune Soudanais de 25 ans.

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C’est aussi ce qui ressort de l’enquête menée par l’association britannique Care 4 Calais auprès des exilés. Sur les 60 personnes interrogées sur leur projet à la suite de l’accord, 75 % ont déclaré qu’ils souhaitaient toujours traverser la Manche.

Nouvelle loi britannique sur l'asile

Le gouvernement britannique multiplie ces derniers mois les annonces de mesures destinées à mettre un terme aux arrivées de migrants sur les côtes à bord de petites embarcations. Le gouvernement a notamment fait voter une loi sur l’asile dans le pays qui durcit considérablement l’accueil des demandeurs d’asile.

Ces mesures n’ont pas eu l’effet escompté. Depuis le début de l'année 2022, près de 7 000 personnes ont rejoint le Royaume-Uni, selon un comptage de l'agence PA. C'est trois fois plus que le bilan l'année dernière à la même période.

Dans un communiqué publié lundi 2 mai, l'association française de défense des migrants Utopia 56 déplore les "dépenses publiques françaises et anglaises de ‘sécurisation’ de la frontière" alors que les traversées continuent à augmenter.

Des traversées toujours plus risquées, selon Utopia 56

Un système de très haute sécurité a été mise en place aux abords de l'Eurotunnel et autres terminaux de ferries dans la région de Calais. Impossible ou presque désormais de grimper dans les camions en direction de l'Angleterre. Les candidats au départ se tournent presque tous vers la mer.

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"La sur-militarisation du littoral nord conduit à une prise de risque plus grande, les départs se font plus tôt dans l’année, malgré des vents violents, une mer froide et agitée. Quand, avant, les bateaux partaient de Sangatte, à 37 km des côtes anglaises, on constate aujourd’hui que certains départs se font quasiment depuis la Baie de Somme, soit plus de 60 km à traverser dans des conditions extrêmement dangereuses", déplore Marguerite Combes, coordinatrice de l’antenne d’Utopia 56 à Calais.

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Les traversées sont en constante augmentation depuis 2018. En 2021, année marquée par la mort de 27 migrants dans un naufrage fin novembre, elles ont même triplé par rapport à l'année précédente. Cette année-là, plus de 28 500 personnes ont effectué ces périlleuses traversées, contre 8 466 en 2020, 1 843 en 2019 et 299 en 2018, selon le ministère de l'Intérieur.

 

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