Un réseau de passeurs a été démantelé en Autriche, a annoncé jeudi 12 mai le gouvernement. Lors de l’opération de grande ampleur, 205 personnes ont été arrêtées pour leur rôle présumé dans le trafic de dizaines de milliers de migrants syriens. Deux d'entre eux étaient morts étouffés, en octobre dernier, dans une fourgonnette à la frontière hongroise.
"C’est un grand succès contre le crime organisé et un coup dur pour la mafia des passeurs". Le ministre autrichien de l’Intérieur, Gerhard Karner, s’est félicité jeudi dans un communiqué du démantèlement d’un important réseau de trafiquants avec l'arrestation de 205 personnes.
L’enquête, qui a démarré début 2021, a permis de remonter la trace d’une cellule soupçonnée d’avoir acheminé depuis la Hongrie 36 000 enfants et adultes désireux de rejoindre l’Europe occidentale, notamment l’Allemagne et la France.
Une fois en Autriche, les migrants étaient transférés à d’autres groupes mafieux pour poursuivre leur route.
La plupart des exilés étaient originaires de Syrie et payaient entre 3 000 et 4 500 euros par personne pour le seul trajet Hongrie-Autriche, a précisé à l’AFP l’inspecteur Johann Baumschlager, porte-parole de la police.
Une somme estimée à 152 millions d'euros
Ce réseau, un des plus importants démantelés en Autriche ces dernières années, a amassé au fil des mois une somme estimée à 152 millions d’euros.
Les 205 personnes interpellées soupçonnées d’appartenir à ce réseau ont été arrêtées en Autriche, mais aussi en République tchèque, en Hongrie, en Slovaquie et en Roumanie. Quatre-vingts véhicules ont également été saisis par les enquêteurs.
>> À (re)lire : La Pologne annonce avoir arrêté des membres d'un réseau de trafic de migrants drainant des millions d'euros
Le groupe avait été mêlé à plusieurs incidents. En octobre dernier, deux migrants étaient morts étouffés dans une fourgonnette interceptée à la frontière hongroise. Vingt-sept autres personnes y avaient été entassées par des membres de cette organisation mafieuse. Le chauffeur, qui avait pris la fuite, a depuis été arrêté en Lettonie, a indiqué le ministère autrichien de l’Intérieur.
En janvier, un autre passeur présumé du groupe avait tiré sur un soldat en tentant d’échapper à un contrôle. Il a ensuite été interpellé en Hongrie.
Dans ce contexte, l'Autriche a de nouveau étendu cette semaine ses contrôles à ses frontières avec la Hongrie et la Slovénie. Une telle surveillance fournit "des enseignements précieux sur les organisations de passeurs et leurs modes opératoires", selon le ministre Gerhard Karner.
Mais les contrôles introduits par certains États membres à l’intérieur de l’espace Schengen ont été vivement critiqués fin avril par la Cour de justice de l’Union européenne, qui a rappelé qu’ils ne devaient pas dépasser une durée de six mois.
Or depuis des années, plusieurs pays européens – dont l’Autriche, la France ou encore l’Allemagne – effectuent des contrôles d’identité aléatoires à leurs frontières, invoquant la crise migratoire et/ou la menace terroriste. La Cour, qui avait été saisie par une juridiction autrichienne, a estimé que les autorités du pays n'ont "pas démontré l'existence d'une nouvelle menace" grave affectant la sécurité intérieure, qui justifierait le contrôle à ses frontières.