La police marocaine a procédé à l'arrestation, dimanche 19 juin, d'un ressortissant nigérian accusé de diriger un réseau de trafic de migrants. Crédit : WikimediaCC
La police marocaine a procédé à l'arrestation, dimanche 19 juin, d'un ressortissant nigérian accusé de diriger un réseau de trafic de migrants. Crédit : WikimediaCC

L'homme de 42 ans a été interpellé, dimanche, à Casablanca, où il résidait illégalement. Il est accusé d'avoir transféré des exilés depuis le Maroc jusqu'en Europe et d'avoir exploité sexuellement des femmes migrantes, en les soumettant à la prostitution.

Il était activement recherché en Espagne. C’est finalement à Casablanca, au Maroc, que cet homme de 42 ans a été arrêté, dimanche 19 juin, dans la soirée. Originaire du Nigéria, il a été interpellé pour son implication dans un réseau criminel dédié à l'immigration clandestine. Il est aussi accusé d’avoir exploiter sexuellement des exilées, en les soumettant à la prostitution.

Les autorités marocaines de la région d'Oujda, dans le nord-est du pays, recherchaient déjà le détenu et l’accusaient d’avoir piraté le réseau d'un établissement bancaire en effectuant des virements fictifs vers cette entité, puis en retirant l'argent de ses succursales. Il était aussi soupçonné de possession de faux papiers d'identité.

Les autorités espagnoles, de leur côté, avaient émis un mandat d'arrêt contre lui en avril 2022.

Une prostitution "considérable", mais "cachée"

Le Maroc est un pays de transit pour de nombreux migrants, dont beaucoup de femmes, qui cherchent à rejoindre l'Europe depuis ses côtes atlantique ou méditerranéenne. En 2021, plus de 40 000 migrants, en grande partie en provenance du Maroc, ont débarqué par la mer en Espagne continentale ainsi que dans les archipels des Baléares et des Canaries, d’après des chiffres officiels espagnols.

Dans le royaume, les conditions de vie des exilés sont très difficiles. L’accès au logement et à l’emploi relève, pour les migrants, du parcours du combattant. Si certains parviennent à trouver du travail dans le secteur informel, la maigre rémunération qui en découle ne leur permet pas, bien souvent, de sortir de la précarité. Cette situation rend les exilés - et les femmes en particulier - très vulnérables aux trafics, y compris sexuels.

Après la pandémie, qui a mis un coup d’arrêt à la plupart de ce genre d'emplois, beaucoup de femmes se sont retrouvées, encore davantage, dans la misère. D’après Daniel Nourissat, prêtre à Rabat et engagé dans la cause des migrants au Maroc depuis 17 ans, dans le royaume, "la prostitution des migrantes, souvent des mères célibataires, est considérable. Mais elle reste cachée, on n’en parle pas", avait-il confié, début juin, à InfoMigrants.

>> À (re)lire : Sur la route de l'exil, les migrants sont confrontés à d'"extrêmes violations des droits humains" selon le HCR

À leur arrivée en Europe, difficile là aussi pour ces exilées de sortir de ce calvaire. Sur le Vieux continent, elles seraient entre 200 000 à 400 000, dont de nombreuses ressortissantes nigérianes, à vivre de la prostitution. C'est le cas de Kate, originaire de Benin City, dans le sud du Nigeria. Après son arrivée en Italie en 2016, des passeurs lui avaient dit qu'ils lui "trouveraient un travail". "Ils m'avaient assuré qu'il y avait beaucoup d'opportunités ici, avait-elle raconté à Deutsche Welle. Mais ils n'avaient pas précisé que ce serait dans la rue".

 

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