Trente-neuf membres d'un réseau d'immigration clandestine ont été arrêtés mardi dans plusieurs pays européens. Crédit : Police Osnabrück
Trente-neuf membres d'un réseau d'immigration clandestine ont été arrêtés mardi dans plusieurs pays européens. Crédit : Police Osnabrück

Une immense opération de police européenne a permis de démanteler mardi un des plus importants réseaux de passeurs spécialisés dans les traversées de la Manche sur de petits canots. Trente-neuf personnes ont été arrêtées dans cinq pays européens. L'opération est inédite et de "grande envergure", selon Europol.

Ils étaient dans le viseur de cinq pays européens depuis au moins un an. Trente-neuf membres d'un réseau de passeurs ont été arrêtés, mardi 5 juillet, lors d'une opération de police menée dans cinq pays européens, a annoncé mercredi Europol, l'agence chargée de la coopération policière entre les États membres, dans un communiqué

Que s'est-il passé ? 

Dix-huit arrestations ont eu lieu en Allemagne, neuf en France, six aux Pays-Bas et six au Royaume-Uni. Au total, trois membres importants au sein du réseau ont été interpellés mardi en Allemagne, a fait savoir Europol à InfoMigrants.

"Ces personnes sont soupçonnées de jouer un rôle important dans la chaîne d'approvisionnement, le recrutement de migrants et la préparation des embarquements depuis le continent européen vers le Royaume-Uni", a précisé l'agence.

Les policiers ont également saisi plus de 1 200 gilets de sauvetage, environ 150 bateaux en caoutchouc, près de 50 moteurs, quelque 40 000 euros en espèces, des armes à feu, des voitures et de la drogue.

Quel était ce réseau ? 

C'est "un résultat d'envergure contre ce genre de réseaux" et l'opération menée est "la plus grande de ce type contre des passeurs qui font passer des petits bateaux", a commenté Ina Mihaylova, chargée de communication à Europol.

D'après Europol, le réseau est soupçonné d'avoir fait passer au Royaume-Uni, des milliers de migrants, venus du Moyen-Orient et d'Afrique de l'Est, en organisant des traversées de la Manche depuis la France sur des bateaux de fortune.

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En échange de la traversée, les suspects demandaient en moyenne 2 500 à 3 500 euros par personne, une somme qui variait selon la nationalité des migrants.

D'après les premiers éléments de l'enquête, jusqu'à 15 embarcations pouvaient être envoyées presque en même temps. Au cours des 18 derniers mois, environ 10 000 migrants auraient rejoint le Royaume-Uni par ce biais. Un business juteux dont le chiffre d'affaires est estimé, pour l'heure, à 15 millions d'euros. "On estime que le réseau représentait à peu près la moitié du marché du trafic de migrants avec l'aide de bateaux pour traverser la Manche", a encore affirmé Ina Mihaylova.

Comment était-il organisé ? 

Le groupe criminel, "actif depuis au moins octobre 2020" et qui comptait parmi ses membres des personnes d'origine irako-kurde, était "bien structuré", précise l'agence européenne. Ses "cellules logistiques" étaient implantées en Allemagne et aux Pays-Bas. Depuis le Royaume-Uni, le réseau réalisait des transferts de fonds via un système bancaire alternatif.

Certaines branches du réseau étaient, par ailleurs, chargées de récupérer des grandes quantités d'équipements nautiques, à l'intérieur et à l'extérieur de l'UE.

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Quelles ont été les étapes du démantèlement ? 

Pour venir à bout de ce réseau, Europol et son partenaire judiciaire, Eurojust, ont coordonné une "task force" européenne, comprenant les autorités de la Belgique, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Ce travail d'équipe a conduit à l'arrestation, en novembre 2021, de 15 membres du même réseau par les autorités françaises.

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Nouvelle avancée en mai dernier, quand les autorités britanniques ont arrêté un membre important du groupe, entraînant l'identification de 70 suspects. Enfin, l'arrestation des 39 suspects mardi a permis le démantèlement du groupe criminel.

 

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