Franco Albrecht, 33 ans, a été reconnu "coupable de planification d'un acte de violence grave menaçant la sûreté de l'État" et condamné à 5 ans de prison. Cet ancien officier allemand avait planifié l'assassinat de personnalités allemandes. Il s'était également fait passer pour un réfugié afin de "tester" le système d'immigration de son pays.
Un ex-officier allemand d'extrême droite, qui s'était fait passer avec succès pour un réfugié syrien, a été condamné, vendredi 15 juillet, à cinq ans et demi de prison pour avoir fomenté un attentat.
Son procès avait début en mai 2021, et après plus d'un an de débats, Franco Albrecht, 33 ans, a été reconnu "coupable de planification d'un acte de violence grave menaçant la sûreté de l'État", a déclaré le juge Christoph Koller, président du tribunal de Francfort.
Ce militaire portant le grade de lieutenant et stationné dans la base franco-allemande d'Illkirch, près de Strasbourg en France, était accusé notamment d'avoir préparé un attentat inspiré par une idéologie d'extrême-droite, et de détention illégale d'armes.
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Le Parquet avait réclamé six ans et trois mois de détention contre cet homme, présenté comme "un terroriste d'extrême droite".
Franco Albrecht alias David Benjamin, réfugié syrien
Le trentenaire, père de trois enfants, cheveux retenus par un catogan et barbe fournie, menait une double vie. Il se faisait également passer pour un réfugié syrien et disait s’appeler David Benjamin. Il a été interpellé en avril 2017. Il voulait, disait-il, "tester" le système d’immigration de son pays.
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Chose surprenante : sans parler arabe ni même détailler son récit d’exil, il avait réussi à obtenir le statut de réfugié et à toucher des allocations, en faisant croire qu’il venait de Damas et qu’il était vendeur de fruits.
"Je me suis habillé comme j'imaginais quelqu'un qui venait de faire des milliers de kilomètres pour venir en Allemagne", avait-il détaillé lors de son procès.
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Après l'arrivée de centaines de milliers de demandeurs d'asile en Allemagne, en 2015 et 2016, l'extrême-droite avait mis en lumière la gestion erratique de l'accueil des réfugiés malgré les assurances répétées des autorités allemandes affirmant contrôler strictement les procédures de demandes d'asile.
Amateur de "Mein Kampf"
Durant le procès, Franco Albrecht s'était dit "désolé" d'avoir dupé le système d'immigration. Il avait nié la préparation d'attentats et celle d'appartenance à l'extrême droite. L'ancien soldat est pourtant accusé d'avoir ciblé pour ses funestes desseins l'ancien ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, alors ministre de la Justice, l'ancienne vice-présidente du Bundestag, Claudia Roth ou encore une militante juive des droits humains.
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L'enquête avait révélé qu'il détenait un exemplaire de "Mein Kampf", le pamphlet d'Adolf Hitler, et comparaît l'immigration à "un génocide".
Cette affaire avait aussi secoué l'armée, accusée de sous-estimer l'idéologie d'extrême-droite dans ses rangs, et les services d'immigration, mis à rude épreuve par l'afflux de réfugiés arrivés en Allemagne en 2015-16.