Jeudi matin, près de 1 500 migrants attendaient encore, à bord de trois navires humanitaires, de pouvoir débarquer dans un port sûr. Plusieurs centaines d'exilés, dont beaucoup de mineurs, se trouvent en mer Méditerranée depuis plusieurs jours.
Les équipages des navires humanitaires qui opèrent en Méditerranée n'ont pas de répit durant ce mois de juillet. Les opérations de sauvetage se succèdent à seulement quelques heures d'écart. Mercredi 27 juillet, dans la soirée, le Geo Barents a procédé à un nouveau sauvetage. La neuvième en 48 heures, portant à 596 le nombre d'exilés à bord du bateau affrété par Médecins sans frontières (MSF).
Ces personnes s'ajoutent aux plus de 1 000 migrants qui attendaient déjà de pouvoir débarquer dans un port sûr à bord du Geo Barents, mais aussi du Sea Watch 3 et de l'Ocean Viking. Jeudi 28 juillet, ce sont donc 1 422 personnes, en grande détresse psychologique et physique, qui espèrent gagner la terre ferme dans les prochaines heures.
L’Ocean Viking, de SOS Méditerranée, a porté assistance à 387 migrants, entre dimanche et lundi, au cours de cinq opérations de sauvetage. Parmi les 387 rescapés se trouvent de nombreuses femmes, plus de 100 mineurs isolés et un bébé d’un an.
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De son côté, le Sea Watch 3, de l’ONG allemande éponyme, a pris en charge en 24 heures 444 exilés : 16 migrants dimanche matin, et plus de 400 autres, répartis dans quatre canots, pour la seule journée de samedi. Six d’entre eux ont été évacués par les garde-côtes italiens pour recevoir des soins dans un hôpital.
Les trois navires sont remontés au nord, vers les côtes italiennes pour débarquer au plus vite les naufragés dans un des ports du pays. La chaleur étouffante à bord des bateaux rend les conditions de vie des rescapés difficiles, signale SOS Méditerranée. Sea-Watch a de son côté saisi le tribunal pour mineurs de Palerme, en Sicile, pour accélérer le processus de débarquement. "Pendant quatre jours, 128 mineurs ont été exposés à la chaleur et au soleil sur le Sea Watch 3, dont 116 non accompagnés. (...) Ils ont tous besoin d'une aide urgente sur terre", insiste l'ONG.
Plus de 800 morts depuis janvier
La période estivale est également très chargée pour les garde-côtes italiens. Entre samedi et dimanche, plus de 1 000 migrants ont débarqué en Calabre et sur l’île de Lampedusa après avoir traversé la Méditerranée, dont 647 à bord d’un même navire de pêche. Dans ce canot, cinq corps ont par ailleurs été retrouvés par les autorités italiennes.
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Toutes les embarcations avaient quitté le chaos libyen quelques jours plus tôt. Comme chaque été, la météo clémente favorise les départs depuis ce pays où les migrants sont victimes de trafic, d’extorsions et de violences.
Mais la traversée n’est pas sans risques. La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse au monde. Depuis le début de l’année, 875 exilés ont péri dans ces eaux en tentant de rejoindre l’Europe, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM). Et depuis 2014, année du premier recensement, on compte près de 20 000 morts ou disparus.
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires (Ocean Viking, Sea Watch, Mare Jonio...) sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.