Depuis près de 15 jours, plus d’une centaine de demandeurs d’asile yézidis se retrouvent contraints de dormir à la rue faute d’accès au camp de Serrès, dans le nord de la Grèce, où des centaines de leurs compatriotes sont déjà abrités. Pour les autorités grecques qui tendent à réduire le nombre de camps au niveau national, il s’agit d’un problème de capacité.
Avec notre correspondant à Athènes, Joël Bronner
À une heure de route au nord-est de Thessalonique, la deuxième plus grande métropole du pays, au pied des montagnes, la ville de Serrès compte 80 000 habitants et un camp de réfugiés. Un campement dont la particularité est d’accueillir la plus grande partie de la communauté yézidie de Grèce, soit, à l’heure actuelle, près de 700 représentants de cette minorité kurde.
Les Yézidis ont fui par milliers le nord de l’Irak en 2014 après les massacres commis à leur encontre par le groupe État islamique. Les jihadistes avaient réduit les femmes à l'esclavage sexuel, enrôlé de force des enfants-soldats et tué des hommes par centaines. Une équipe d'enquête spéciale de l'ONU avait annoncé en mai 2021 avoir recueilli la "preuve claire et convaincante" qu'un génocide avait été commis par les jihadistes contre cette minorité.
"Plus de place"
"Le camp n’a plus de place". Voilà ce que se sont vu répondre 120 nouveaux demandeurs d’asile de cette même communauté, récemment arrivés de Turquie, et contraints, par conséquent, de dormir à la rue depuis maintenant deux semaines. Seuls les femmes et les enfants des nouveaux arrivants ont pu pénétrer dans l’enceinte du camp, qui abrite 1 000 personnes au total.
La tendance actuelle en Grèce est davantage de dissuader les arrivées et de réduire drastiquement le nombre de ces camps, qui s’étaient multipliés dans le sillage de la crise migratoire européenne de 2015 et 2016. Ils ont été divisés par quatre en deux ans, passant de 121 structures à 34 aujourd’hui. Début septembre, le ministre grec des Migrations Notis Mitarachi a d’ailleurs affirmé vouloir rapidement fermer deux camps supplémentaires.