Un exilé irakien a été condamné mardi 6 septembre à 18 mois de prison, dont six ferme, par le tribunal judiciaire de Boulogne-sur-Mer. Il avait été arrêté quelques jours plus tôt près de Calais alors qu'il conduisait une camionnette, dans laquelle s'entassaient 25 migrants.
"Je ne savais pas que c’était illégal". La défense du prévenu n’a pas convaincu les magistrats. Mardi 6 septembre, un exilé irakien de 28 ans a été condamné à 18 mois d’emprisonnement dont 12 en sursis par le tribunal judiciaire de Boulogne-sur-Mer. Sa peine est également assortie d'une Interdiction du territoire français (ITF) pendant trois ans, indique La Voix du Nord.
Le jeune homme avait été interpellé le 25 août dernier, à Peuplingues, près de Calais. Les policiers en patrouille l’avaient aperçu vers 1h du matin, alors qu’il conduisait "un fourgon circulant à faible allure et visiblement chargé". À l’arrivée des agents à sa hauteur, le conducteur avait arrêté le véhicule, et s’était réfugié à l’arrière de la camionnette. En ouvrant ses portes, les policiers ont découvert 25 personnes entassées à l’intérieur.
Lors de son procès quelques jours plus tard, le prévenu s’est défendu en expliquant qu’un passeur lui avait demandé de transporter des migrants, en échange de son passage vers le Royaume-Uni.
Condamnés pour avoir payé le voyage de leurs parents
Considérés comme les acteurs principaux des réseaux criminels liés aux migrants, les passeurs sont régulièrement pointés du doigt par les responsables politiques, en France comme ailleurs. Dans un rapport paru fin juillet, le réseau d'ONG PICUM (plateforme de coordination internationale pour les migrants sans-papiers), invite pourtant à "changer de paradigme", en raison des profils très divers des passeurs.
Ces personnes peuvent, comme l’Irakien condamné à Boulogne-sur-Mer, financer leur propre exil en transportant des migrants sur terre comme en mer. "Nous étions 20 Iraniens, dont une femme, et un passager turc. Dans le groupe, il y avait des personnes qui n’avaient pas payé le passage. En échange, ils devaient conduire le bateau", avait raconté Mohsen, un exilé iranien ayant traversé la Manche, à InfoMigrants.
>> À (re)lire : Traversées de la Manche : un Soudanais condamné à cinq ans de prison pour avoir fourni des embarcations
La définition du passeur englobe aussi des individus agissant pour leur famille. "Aux Pays-Bas, trois frères ont été condamnés parce qu’ils avaient payé le voyage de leurs parents et de leur sœur, après que des demandes précédentes de regroupement familial leur avaient été refusées", avait expliqué dans une interview à InfoMigrants Marta Gionco, chargée de plaidoyer sur les politiques migratoires au sein de la PICUM.
Une pluralité de situations que ne prend pas vraiment en compte la loi. En juin, un autre exilé irakien, âgé de 19 ans, a été condamné à deux ans de prison ferme pour avoir transporté 39 migrants dans une fourgonnette, près de l’Eurotunnel. À la barre, il avait expliqué lui aussi qu’un passeur lui avait demandé de conduire, en échange d'une traversée pour les côtes anglaises. Il avait justifié son refus d’obtempérer lors de son interpellation par la police, par la présence de ce même passeur derrière lui dans le véhicule, qui lui donnait des coups pour qu’il ne s’arrête pas.