L’ONG Aegean Boat Report accuse Athènes de mener comme sur cette photo des "pushbacks" en mer Égée. Crédit : Aegean Boat Report
L’ONG Aegean Boat Report accuse Athènes de mener comme sur cette photo des "pushbacks" en mer Égée. Crédit : Aegean Boat Report

Ankara estime que les garde-côtes grecs ont entraîné la mort de six migrants, dont deux nourrissons et trois enfants, après avoir refoulé un groupe d'exilés vers les eaux territoriales turques. Les garde-côtes turcs annoncent avoir secouru le reste du groupe : 73 personnes ont pu être sauvées. Des recherches sur zone se poursuivent, car cinq migrants manqueraient encore à l'appel.

Les corps sans vie de six personnes - deux nourrissons, trois enfants et une femme - ont été retrouvés en mer Égée, mardi 13 septembre. Toutes faisaient partie d'un groupe de près de 80 migrants refoulé par les garde-côtes grecs, selon un communiqué du ministère turc de l'Intérieur.

"Après avoir été pris à bord d'un bateau des garde-côtes grecs et dépouillés de leurs biens de valeur, ils ont été placés à bord de quatre embarcations et abandonnés à la dérive à proximité des eaux territoriales turques", relate un garde-côte turc dans ce communiqué, s'appuyant sur les témoignages des survivants.

Le groupe aurait initialement embarqué depuis le port du district de Tripoli au Liban, samedi, pour tenter de rejoindre l'Italie. Après une panne de carburant, survenue lundi, au large de l'île grecque de Rhodes, les exilés auraient appelé au secours les garde-côtes grecs. C'est là que le refoulement vers les eaux turques serait intervenu, selon le communiqué d'Ankara.

73 personnes secourues

Malgré ces six décès, les autorités turques ont pu opérer un important sauvetage. Soixante-treize exilés, répartis sur les quatre radeaux évoqués dans le communiqué d'Ankara, ont été secourus au total. Les embarcations ont toutes été repérées au large de la province de Mugla, non loin de la ville de Marmaris, au sud-ouest de la Turquie.

Dans la nuit de lundi à mardi, les garde-côtes avaient reçu une alerte, et dépêché deux bateaux de secours. Dans un premier temps, 66 personnes ont été secourues.

Au vu des récits des naufragés, les garde-côtes ont poursuivi leurs recherches. Un hélicoptère, un avion et un troisième bateau ont été déployés sur zone. Les équipes ont alors découvert sept autres migrants accrochés à un radeau. Tous ont pu être ramenés à terre sains et saufs, toujours selon les autorités turques.

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Il manquerait encore cinq disparus, selon les témoignages des survivants. Parmi eux, deux bébés. Les recherches sont donc maintenues sur zone, précise le ministère de l'Intérieur turc.

Empêcher les entrées

Athènes et Ankara entretiennent des relations extrêmement tendues et s'accusent mutuellement de violer les droits des migrants à leurs frontières respectives.

De son côté, la Grèce se targue d'avoir empêché plus de 150 000 entrées sur son territoire en 2022. Plus précisément, "l’entrée de 154 102 migrants en situation irrégulière a été évitée depuis le début de l’année", a déclaré, dimanche 4 septembre, Notis Mitarachi, ministre grec des Migrations, au quotidien Eleftheros Typos. "Environ 50 000 ont tenté d’entrer en Grèce rien qu’au moins d’août", a-t-il ajouté.

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Le 24 août, le ministre de la Protection civile avait avancé le chiffre de 25 000 interceptions depuis le début du mois. Des données difficiles à vérifier.

Au cœur de cette politique de contrôle des frontières maritimes et terrestres, de nombreux cas de refoulements illégaux en mer ont déjà été documentés par des ONG ou des médias et font l'objet de témoignages, notamment auprès d'InfoMigrants. Cependant, les autorités grecques nient toujours en bloc le recours à cette pratique illégale.

 

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