Les pays membres de l'Union européenne ont approuvé, vendredi, 20 mesures devant permettre qu'un scénario semblable à celui de l'arrivée chaotique de l'Ocean Viking ne se reproduise pas. Le plan prévoit notamment une meilleure coordination et un échange d'informations entre États et ONG secourant des migrants en mer.
C'est Paris qui avait demandé la convocation de la réunion, pour que le scénario de l'arrivée chaotique de l'Ocean Viking dans le port français de Toulon, le 11 novembre dernier, ne se renouvelle pas. Vendredi 25 novembre, les ministres européens de l'Intérieur réunis à Bruxelles ont approuvé un plan d'action afin de ne "pas reproduire ce genre de situation".
Le plan d'action d'urgence, proposé lundi par la Commission européenne et endossé par les ministres, propose 20 mesures, notamment pour renforcer la coopération avec des pays comme la Tunisie, la Libye ou l'Égypte afin de prévenir les départs et augmenter les renvois de migrants en situation irrégulière.
Il prévoit aussi une meilleure coordination et un échange d'informations entre États et ONG secourant des migrants en mer, et entend "promouvoir des discussions au sein de l'Organisation maritime internationale" (OMI) sur des "lignes directrices pour les bateaux effectuant des opérations de sauvetage en mer".
Les "pays du sud de la Méditerranée doivent également ouvrir leurs ports" aux navires de sauvetage de migrants "qui croisent dans leurs eaux territoriales", a souligné le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Relancer le projet de réforme de la migration
Le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas, a décrit une réunion "positive" mais a souligné qu'il ne s'agissait pas de "la solution définitive", appelant les États membres à faire progresser les négociations sur une réforme de la migration et de l'asile dans l'UE, qui piétinent depuis plus de deux ans.
Le plan d'urgence entend aussi relancer un mécanisme temporaire de solidarité européen agréé en juin, à l'initiative de la France qui assurait alors la présidence du Conseil de l'UE. Une douzaine de pays s'étaient alors engagés de façon volontaire, pour soulager les États méditerranéens, à accueillir sur un an quelque 8 000 demandeurs d'asile arrivés dans ces pays, la France et l'Allemagne en prenant chacune 3 500. Mais la crise de l'Ocean Viking a conduit Paris à suspendre ses "relocalisations" depuis l'Italie.
"Nous devons sortir d'une situation où les mêmes États sont appelés à accueillir des navires et à effectuer des relocalisations depuis d'autres États membres. La France reprendra ses relocalisations lorsque cela sera le cas", a tweeté Gérald Darmanin à l'issue de la réunion.
Le sujet de la migration est revenu dans l'agenda européen, alors que les entrées irrégulières aux frontières extérieures de l'Union sont en forte hausse (280 000 sur les dix premiers mois de l'année, soit +77%). La poussée est particulièrement forte via la route des Balkans (+168% sur cette période), et la Commission prépare un autre plan d'action pour tenter d'endiguer cette hausse.
Plusieurs facteurs de hausse des arrivées
Les chiffres n'atteignent pas le niveau de la crise des réfugiés de 2015-2016. Mais la possibilité d'une nouvelle vague d'arrivées cet hiver d'Ukrainiens, qui sont pour des millions d'entre eux privés d'électricité à cause des frappes russes, vient aussi nourrir les préoccupations européennes.
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Interrogée par InfoMigrants au sujet de cette hausse des entrées aux frontières de l'UE, l'agence européenne de contrôle des frontières Frontex l'avait attribuée "aux tentatives répétées de franchissement par des migrants déjà présents dans les Balkans occidentaux."
Par ailleurs, certaines nationalités n'ont pas besoin de visa pour entrer dans certains pays des Balkans. C'était le cas, jusque récemment des citoyens indiens, burundais, tunisiens ou cubains en Serbie. Mais Belgrade a réinstauré, le 20 octobre, des visas pour les Tunisiens et les Burundais, sous la pression de l'UE. Ces exemptions de visas facilitent l'accès à la route des Balkans.
Enfin, la route des Balkans est parfois privilégiée à celle de la Méditerranée qui concentre l'attention des autorités et peut paraître moins sûre pour certains migrants.