La Commission européenne cherche à limiter l’entrée de migrants sans visas sur le territoire de l'Union européenne par la route de l'Est. Un plan prévoit de déployer des agents de Frontex dans les Balkans occidentaux. L'UE demande aussi aux pays balkaniques de s'aligner sur la politique des visas européens.
La Commission européenne a présenté, lundi 5 décembre, un plan d’action visant à renforcer les contrôles de migrant sur la route des Balkans afin de limiter leur entrée sur le territoire européen.
Cette voie, de plus en plus empruntée pour venir jusqu’en Europe, est devenue la principale route migratoire vers l'Union européenne (UE) avec une augmentation de 170% des arrivées sur les dix premiers mois de 2022 par rapport à l'année dernière. Près de 130 000 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été contrôlées sur la route depuis le début de l'année 2022 et 22 300 tentatives de passage ont été enregistrées par l'agence européenne de gestion des frontières Frontex en octobre, soit trois fois plus qu'il y a un an.
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La plupart de ces migrants arrivent par la Serbie, avant de traverser l'Autriche, pour rejoindre d'autres pays comme l'Allemagne et la Belgique.
Déployer Frontex dans les Balkans
Riche d’une vingtaine de mesures, le nouveau plan européen consiste d’abord à améliorer les contrôles aux frontières en envoyant des agents de Frontex dans les pays balkaniques, soit hors de l’UE.
"Dans les Balkans occidentaux, 500 agents de Frontex sont déjà déployés, mais aujourd’hui, ils ne sont déployés qu’à la frontière entre les partenaires des Balkans occidentaux et les frontières extérieures de l’UE", a précisé lundi la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson lors d’un point presse à Bruxelles. "Avec un nouveau mandat, il sera possible de déployer des effectifs à l’intérieur de l’UE, c’est-à-dire entre deux partenaires différents des Balkans occidentaux." Des négociations sont en cours avec les pays concernés.
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Le plan d’action prévoit aussi la fourniture de 40 millions d'équipements de gestion et de surveillance des frontières, ainsi que des formations pour les autorités du Monténégro, de la Bosnie-Herzégovine, de la Serbie et du Kosovo.
Harmonisation des visas des Balkans avec l’UE
Autre mesure phare, le document prévoit d’harmoniser la politique de visas des pays des Balkans avec celle de l’UE. En cause, la Serbie, notamment, a été accusée de contribuer à une hausse des arrivées de migrants indiens, tunisiens, cubains et burundais car ces ressortissants pouvaient arriver à l'aéroport de Belgrade sans visa et ensuite poursuivre leur route vers l’Europe par voie terrestre. Sous la pression européenne, le président serbe Aleksandar Vucic a finalement annoncé fin octobre la fin de dispense de visas pour les Tunisiens et les Burundais, une mesure entrée en vigueur en novembre.

La question de la coopération entre l’UE et les pays balkaniques s’inscrit dans un contexte de pourparlers avec la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, l'Albanie, le Monténégro et la Macédoine du Nord en vue d’une adhésion au bloc européen.
Accélérer les procédures d’asile et de retour
La Commission souhaite aussi accélérer les procédures d'asile, en donnant davantage de moyens aux pays d'arrivée des migrants dans les Balkans, afin d’améliorer leur capacité d'accueil, notamment "en s'inspirant du modèle du programme pilote pour le centre d'accueil polyvalent de Lipa [en Bosnie]".
Une démarche qui s’accompagne d’un accroissement de la coopération en matière de réadmission et de retour vers les pays de transit des Balkans, et vers les pays de départ des migrants.
"L’agence Frontex a intensifié son soutien aux partenaires des Balkans occidentaux en déployant des experts afin d'aider au processus de retour, notamment en matière de conseil, de formation [par exemple pour les escortes de retour] et d'aide à l'obtention de documents de voyage [en facilitant la coopération avec les pays d'origine et l'acquisition d'informations]", indique le document.
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Enfin, le texte prévoit un partenariat entre les Etats européens et ceux des Balkans dans la lutte contre le trafic de migrants, notamment à la frontière serbo-hongroise avec l’aide de l’agence européenne de police criminelle Europol, qui facilite l'échange de renseignements entre les polices nationales.
Prochaine étape pour ce plan d’action, il doit être présenté au Conseil des ministres européens de la Justice et de l'Intérieur les 8 et 9 décembre pour son adoption.