Des membres de la police des frontières transportent des embarcations utilisées par des migrants dans le port de Douvres, au Royaume-Uni, le 14 avril 2022. Crédit : Reuters
Des membres de la police des frontières transportent des embarcations utilisées par des migrants dans le port de Douvres, au Royaume-Uni, le 14 avril 2022. Crédit : Reuters

Traitement accéléré des demandes d'asile et expulsions massives : le Premier ministre britannique Rishi Sunak a dévoilé, mardi, un accord avec l'Albanie, pays d'où viennent la majorité des migrants traversant la Manche. Parmi les mesures annoncées : l'envoi d'agents de la police aux frontières britannique à l'aéroport de Tirana.

"Nous serons durs mais justes." Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a dévoilé, mardi 13 décembre, un accord avec l'Albanie dans le cadre d'un vaste paquet de mesures destinées à lutter contre l'immigration illégale.

Le gouvernement va faire expulser, dans les mois qui viennent, des "milliers" d'Albanais arrivés illégalement sur le territoire, a-t-il annoncé.

Rishi Sunak a par ailleurs détaillé un éventail de mesures : l'envoi d'agents de la police aux frontières britannique à l'aéroport de Tirana, un durcissement des conditions pour qu'un demandeur d'asile soit considéré comme victime d'esclavage moderne, ainsi que des assurances de la part de l'Albanie pour que les victimes soient protégées.

"Envahisseurs et gangsters"

L'annonce de cet accord intervient après un épisode houleux entre Londres et Tirana lors duquel le Premier ministre albanais Edi Rama avait reproché au gouvernement britannique de décrire les migrants, en particulier albanais, comme des "envahisseurs et des gangsters" pour détourner l'attention de "l'échec total de sa politique en matière de contrôle des frontières et de délinquance".

Malgré les plans successifs en matière de lutte contre l'immigration illégale, le Royaume-Uni n'a jamais vu autant de migrants traverser la Manche à bord de petites embarcations : près de 45 000 depuis le début de l'année, contre près de 30 000 l'année précédente. Un tiers d'entre eux - près de 13 000 - viennent d'Albanie, un "pays européen sûr et prospère", a souligné devant le Parlement Rishi Sunak. 

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La majorité de ces arrivants sont des hommes seuls, qui représentent, selon des données de l'agence Eurostat, 1% des hommes d'Albanie en âge de travailler.

Les Albanais sont, de loin, la première nationalité parmi les arrivées sur le sol britannique.

En octobre, les autorités avaient déjà serré la vis : plusieurs opérations policières avaient permis d'arrêter des membres d'organisations criminelles albanaises agissant en tant qu'intermédiaires pour faciliter l'arrivée illégale de ressortissants albanais au Royaume-Uni.

Réduire la facture pour l'hébergement des migrants

Le gouvernement britannique a également annoncé un traitement accéléré des demandes d'asile, alors que le système d'asile se trouve saturé face à l'afflux de migrants - albanais ou d'autres nationalités.

Le chef du gouvernement conservateur a ainsi promis un doublement du nombre des agents chargés d'examiner les demandes d'asile "d'ici à la fin de l'année prochaine".

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Selon le ministère britannique de l'Intérieur, 143 000 demandes d'asile sont actuellement en attente. Parmi elles, près de 100 000 le sont depuis plus de six mois, soit plus de trois fois plus qu'il y a trois ans.

Le gouvernement va par ailleurs recourir à d'anciens centres de vacances, résidences étudiantes ou locaux militaires pour réduire de moitié la facture de l'hébergement des demandeurs d'asile actuellement logés dans des hôtels. Plus de 10 000 places seront disponibles, a dit Rishi Sunak, après que le centre de transit, Manston, surpeuplé et dont les conditions sanitaires ont été largement dénoncées, a fait scandale.

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Il a en outre insisté sur le fait que le gouvernement reprendrait le projet d'expulser vers le Rwanda les demandeurs d'asile parvenus illégalement sur le sol britannique, pour l'instant au point mort après une intervention de la justice européenne.

Enfin, un quota annuel de demandeurs d'asile sera déterminé par les députés et une loi empêchera ceux qui arrivent illégalement au Royaume-Uni d'y rester. Le gouvernement travaillera avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en vue d'identifier "ceux qui sont le plus dans le besoin", pour que le pays "reste un refuge sûr pour les plus vulnérables".

 

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