Un nourrisson a été retrouvé mort lors d'un naufrage impliquant une trentaine de personnes au large de Lesbos, vendredi. Les garde-côtes grecs ont pu secourir le reste des naufragés. L'ONG Médecins sans frontières, également présente sur zone, dénonce cependant des entraves à leur intervention médicale.
Lors d'une opération de secours vendredi 16 décembre vers midi, au large de Lesbos, les garde-côtes grecs ont découvert le corps inerte d'un petit garçon âgé de deux mois. Celui-ci a été transporté à l'hôpital, où le décès a été formellement déclaré, a précisé un médecin légiste, Theodoros Nousias, à l'AFP.
Trente hommes, femmes et enfants ont pu être secourus lors de cette opération de sauvetage selon le dernier bilan des garde-côtes. Leur canot pneumatique aurait heurté des rochers dans la zone de Fara, selon des sources de l'AFP au sein du centre de réception des exilés de Lesbos.
Plusieurs rescapés étaient légèrement blessés. Certains ont réussi à gagner le rivage pour alerter les autorités locales sur l'accident qui venait de se produire.
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La plupart des exilés qui se trouvaient à bord de ce canot sont originaires d'Afrique. Selon la radio publique grecque, se basant sur des sources policières, nombre d'entre eux viennent de Syrie.
"Nous ne saurons jamais si ces deux heures nous auraient permis de sauver la vie du bébé"
Les équipes de Médecins sans frontières (MSF), présentes sur zone, donnent une version légèrement divergente des faits. L'ONG affirme avoir reçu une alerte de la part de 34 personnes, et non 30, et leur avoir fourni une assistance médicale et psychologique.
"Lorsque nous avons réussi à joindre le groupe, nous avons trouvé des personnes complètement choquées par la mort du bébé et par la terrible expérience qu'elles ont vécue", relate Teo Di Piazza, coordinateur du projet MSF, sur les réseaux sociaux.
Or, l'ONG déplore avoir été freinée dans son intervention par les autorités grecques. En chemin vers les rescapés, juste après avoir reçu l'alerte, une équipe de MSF a en effet été bloquée "pendant près de deux heures" par la police grecque, affirme l'ONG sur son compte Twitter. "Une autre équipe a été arrêtée par les garde-côtes helléniques", précise-t-elle aussi.
De quoi retarder la délivrance des soins. "Nous ne saurons jamais si ces deux heures nous auraient permis de sauver la vie du bébé", conclut MSF.
Enfin, d'après les témoignages recueillis par l'ONG, 16 autres personnes auraient réussi à débarquer sur l'île de Lesbos. Parmi elles se trouveraient la mère du nourrisson. Toutes ces personnes sont actuellement portées disparues.
Entre secours et refoulements
La veille déjà, jeudi 15 décembre, les garde-côtes grecs ont affirmé avoir secouru 97 naufragés près de l'île de Kéa, dans les Cyclades, à environ 80 kilomètres d'Athènes. Au total, 1 500 personnes ont été secourues pendant les huit premiers mois de 2022, selon les garde-côtes grecs, contre un peu moins de 600 l’an passé.
Mais les organisations de défense des droits de l’Homme et la Turquie accusent la Grèce de procéder à de nombreux refoulements illégaux, estimant que des milliers d'exilés ont été repoussés hors du territoire grec sans même avoir pu déposer de demande d’asile, ce que démentent les autorités grecques.
Ainsi, rien qu'en 2021, l'ONG norvégienne Aegean Boat Report a comptabilisé 629 cas de refoulements illégaux de migrants depuis les îles de la mer Égée, dont plus de la moitié à Lesbos et à Samos. Depuis mars 2020, près de 26 000 personnes ont été refoulées illégalement du territoire grec, estime l'organisation.
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Depuis le début de l’année, 360 personnes se sont noyées en Méditerranée orientale, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)
Le 11 octobre dernier, au moins trente personnes avaient trouvé la mort dans deux naufrages au large des îles de Lesbos et de Cythère.