Un membre de l'équipage de l'Ocean Viking indique sur le schéma de l'Italie où se trouve le port de Ravenne. Le navire s'est vu assigner ce port très éloigné de la zone de sauvetage. Crédit : Michael Bunel/SOS Méditerranée
Un membre de l'équipage de l'Ocean Viking indique sur le schéma de l'Italie où se trouve le port de Ravenne. Le navire s'est vu assigner ce port très éloigné de la zone de sauvetage. Crédit : Michael Bunel/SOS Méditerranée

L'Italie a assigné le port de Ravenne, dans le nord-est du pays, à l'Ocean Viking pour que le navire y débarque la centaine de migrants à son bord, a indiqué SOS Méditerranée mardi. Après avoir fermé ses ports aux humanitaires, Rome a adopté fin 2022 une nouvelle stratégie consistant à leur assigner des ports sûrs de plus en plus éloignés des zones de sauvetage, les forçant à rallonger significativement leur trajet.

L'Ocean Viking s'est mis en route vers le nord-est de l'Italie. SOS Méditerranée, qui affrète le navire, a indiqué, mardi 27 décembre, que les autorités italiennes leur avaient assigné, comme lieu de débarquement, le port de Ravenne.

Les 113 personnes qui se trouvent à bord du navire pourront y fouler la terre ferme après plusieurs jours en mer. Parmi les migrants secourus, "23 femmes, dont certaines sont enceintes, une trentaine de mineurs non accompagnés et trois bébés dont le plus jeune n'a que trois semaines", a indiqué SOS Méditerranée dont le siège est à Marseille, dans le sud-est de la France.

Les personnes ont été secourues dans la nuit de lundi à mardi mais il faudra encore quatre jours de navigation au bateau pour rejoindre Ravenne, "à 900 milles nautiques de distance", a précisé l'ONG sur Twitter.

Les autorités italiennes avaient dans un premier temps désigné au navire le port de La Spezia, à une centaine de kilomètres de Gênes, avant de changer d'avis pour Ravenne. SOS Méditerranée s'est dit soulagée de se voir attribuer rapidement un port sûr mais a également fait part de sa préoccupation de devoir faire tant de route pour s'y rendre : "[…] Nous sommes la seule ONG de recherche et de sauvetage opérant actuellement en mer […] Alors que nous nous dirigeons vers le nord, nous craignons que d'autres personnes en détresse en mer ne puissent pas être secourues".

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement italien a adopté une nouvelle stratégie face aux navires humanitaires. Les autorités leur assignent des ports de plus en plus éloignés des zones de sauvetage, les forçant à rallonger significativement leur trajet.

Il y a quelques jours déjà les navires humanitaires Sea Eye 4, de l'ONG Sea-Eye, et Life Support, de l'ONG Emergency, avaient été autorisés à débarquer les migrants à leur bord dans le port de Livourne. C'est la première fois que cette ville côtière, proche de Pise et située à plus de 300 km au nord de Rome, était désignée comme port d'arrivée sûr. Au même moment, le Rise Above était contraint d'aller débarquer ses rescapés dans le port de Gioia Tauro.

En outre, la Première ministre d'extrême droite Giorgia Meloni souhaite imposer aux ONG secourant des exilés en Méditerranée un "code de bonne conduite". Elles "feront l'objet de mesures dans le 'décret Sécurité' que le gouvernement Meloni adoptera d'ici la fin de l'année et qui concernera aussi bien les auteurs de féminicides que les jeunes délinquants", précise le correspondant en Italie du journal Les Echos.

L'Ocean Viking accueilli à Toulon

Mi-novembre, l'Ocean Viking avait débarqué à Toulon, dans le sud-est de la France, avec 230 migrants secourus entre la Libye et l'Italie, à l'issue de trois semaines d'errance à la recherche d'un port sûr et d'un bras de fer diplomatique entre Paris et Rome.

Le gouvernement français avait accepté d'accueillir "à titre exceptionnel" le bateau après le refus de l'Italie, occasionnant des tensions entre les deux pays.

>> À (re)lire : Deux migrants de l'Ocean Viking refoulés vers le Mali et une centaine autorisée à déposer des demandes d'asile

Depuis le début de l'année, 1 998 migrants ont disparu en Méditerranée, dont 1 369 en Méditerranée centrale, la route migratoire la plus dangereuse au monde, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Chaque année, des milliers de personnes fuyant conflits ou pauvreté tentent de rejoindre l'Europe en traversant la Méditerranée à partir de la Libye, dont les côtes sont distantes de 300 km de l'Italie.

 

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