Une équipe conjointe d'investigation, financée par l'Union européenne, a interpellé un Libyen soupçonné d'avoir envoyé près de 22 000 migrants, pour la plupart nigérians et camerounais, en Europe. Ils y étaient exploités notamment dans des activités de prostitution ou d'esclavage moderne.
Il leur promettait une vie meilleure en Europe, mais les exploitait dans des activités de prostitution ou d'esclavage moderne sur le sol européen. Plusieurs mois d’une enquête conjointe de la police nigérienne, française et espagnole ont permis l’interpellation d’un Libyen soupçonné d'être à la tête d'un réseau de trafic de migrants transitant par le Niger vers l'Europe.
L’homme de 29 ans a été arrêté à Agadez, le 20 décembre, a appris l’AFP de sources policières. Il est actuellement incarcéré à Niamey.
Lors de son audition par les enquêteurs, il a dit avoir fait partir "soixante migrants par semaine pendant sept ans", soit près de 22 000 personnes au total, d’après Jean-Christophe Hilaire, de la Direction de la coopération internationale de sécurité (DCIS) au ministère français de l'Intérieur. Le voyage leur coûtait entre 1 500 et 2 000 euros.
"D'autres interpellations de complices pourraient intervenir dans les semaines à venir", a ajouté la DCIS.
De fausses promesses sur Internet
D’après franceinfo, qui cite la DCIS, les migrants étaient contactés via Internet, avec des messages dans lesquels ils se voyaient proposer "une vie meilleure".
Les candidats à l’exil, originaires pour la plupart du Nigeria ou du Cameroun, étaient ensuite conduits à travers le Niger à bord de pick-up, en évitant les grandes villes. Puis ils passaient soit en Libye, soit en Algérie.
La traversée du désert, situé dans le nord du Niger, est l’une des plus dangereuses au monde, la zone étant un corridor réputé pour le trafic de migrants, de drogues et d'armes et abritant également des groupes jihadistes. Des migrants sont régulièrement retrouvés morts, surtout dans la zone frontalière entre le Niger et la Libye.
Les migrants étaient ensuite acheminés vers la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne. Arrivés en Europe, "ils étaient en fait exploités notamment dans des activités de prostitution ou d'esclavage moderne".
L'enquête a été financée par l'Union européenne. L'équipe d'investigation est composée de trois policiers français de la police aux frontières et de trois Espagnols qui appuient les policiers nigériens. Les policiers européens sont présents dans le pays depuis 2017. Depuis cette date, 196 filières d'immigration irrégulière ont été identifiées et 824 personnes arrêtées, a indiqué la DCIS.