La Cour de justice de l'Union européenne, au Luxembourg. Crédit : picture-alliance
La Cour de justice de l'Union européenne, au Luxembourg. Crédit : picture-alliance

Au Luxembourg, avec l'inauguration d'un nouveau centre pour migrants mercredi, près de 7 400 lits sont désormais dédiés aux demandeurs d'asile et aux Ukrainiens bénéficiaires d'une protection temporaire. Le pays a doublé ses capacités d'accueil en l'espace d'un an.

Pour répondre aux besoins croissants d'hébergement, les autorités luxembourgeoises ont inauguré, mercredi 4 janvier, un nouveau centre d'accueil à Kirchberg, un quartier au nord de Luxembourg. Avec une capacité de 120 lits, ce centre mixte accueillera des femmes et des hommes demandeurs d'asile.

Il s'agit d'un abri temporaire : les exilés y séjourneront jusqu'à réception d'une réponse à leur demande de protection internationale. En attendant, ce sont des équipes de la Croix-Rouge qui gèrent le centre et fournissent un accompagnement social.

Avec ce nouveau lieu, le Luxembourg compte désormais 7 367 lits dédiés au public exilé. Ses capacités d'accueil ont plus que triplé depuis fin 2014, et surtout, elles ont doublé entre janvier 2021 et janvier 2022.

L'année 2022 a en effet été décisive : pas moins de 3 400 lits ont été ouverts. Ces progrès constituent, avant tout, une réponse à la crise ukrainienne.

"Nous nous rapprochons des chiffres record de 2015"

Et pour cause : sur les 7 200 exilés arrivés en 2022 dans le Grand-Duché, près de 5 000 sont des Ukrainiens, selon les chiffres des autorités communiqués mercredi. Les autres demandeurs de protection internationale sont en majorité des Syriens, suivis des Érythréens et des Afghans.

"Sur le nombre de demandeurs d’asile, nous nous rapprochons des chiffres record de 2015", a affirmé Jean Asselborn, le ministre des Affaires étrangères, rapporte le média luxembourgeois L'Essentiel.

Le sort des mineurs non-accompagnés est également une préoccupation croissante dans le pays. Quelque 140 mineurs isolés ont été recensés sur le territoire en 2022, soit "près de trois fois plus qu’habituellement", a souligné le ministre des Affaires étrangères. La plupart viennent de Syrie.

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Des conditions d'accueil parfois critiquées

L'ONA, l'Office national de l'accueil, gère toutes les structures d'hébergement de l'État luxembourgeois. Or, "malgré tous les efforts consentis, la situation n’est pas superbe (...) 10 mois après le début de la guerre, il existe toujours des problèmes qu’on essaye de résoudre au niveau des hébergements, du traitement des réfugiés, de l’alimentation ou de la santé", a commenté Nicolas Zharov, président de l'association LUkraine, dans les colonnes du média Le Quotidien.

Lui-même ukrainien mais résidant au Luxembourg depuis plusieurs années, ce responsable associatif pointe des conditions de vie délétères dans les foyers d'hébergement. Selon lui, les exilés y sont "un peu tenus comme dans un camp. Même s’ils sont libres de bouger, ils subissent beaucoup de contrôles".

Au micro de la radio 100 7, mercredi, le directeur de l'ONG Caritas, Marc Crochet, a également déploré des difficultés d'approvisionnement en eau potable rencontrées dans un centre d'hébergement étatique. Une meilleure gestion des foyers, tout comme la rénovation des plus vieillissants ou mal adaptés, sont les défis à venir. "À ce jour, sur les 54 structures d’hébergement gérées par l’ONA, 37 offrent la possibilité de cuisiner", reconnaissait le ministre des Affaires étrangères lui-même au printemps dernier.

Des ouvertures prochaines de places

Certains responsables associatifs, à l'instar de Nicolas Zharov, encouragent l'hébergement citoyen. Dans les deux premiers mois de la crise ukrainienne, un millier de ressortissants avaient été logés dans des familles d'accueil luxembourgeoises. "Pourquoi ne pas créer des petites structures d’accueil dans les 102 communes que compte le pays? Il s’agirait d’investissements durables", défend-il par ailleurs, dans Le Quotidien.

Un appel similaire a été lancé par le ministre des Affaires étrangères lors de l'inauguration de mercredi. Celui-ci a invité les communes à davantage "participer à l'effort de solidarité", relaie le communiqué du gouvernement.

Actuellement, la majeure partie des places d'hébergement est dédiée aux demandeurs d'une protection internationale provenant de tous pays (près de 5 000 lits, dans 55 structures). Le reste, près de 2 000 lits, est réservé aux ressortissants ukrainiens bénéficiaires d'une protection temporaire.

Partout, le taux d'occupation est très élevé, malgré les augmentations successives des capacités d'accueil.

Par conséquent, les autorités prévoient encore de transformer certains espaces en accueils d'urgence. Ce sera le cas par exemple d'un hall de la Luxexpo, un centre d'exposition situé dans le même quartier que le nouveau foyer inauguré mercredi. Ce hall "sera disponible de début janvier à fin février 2023, avec une capacité maximale de 350 lits de camp sous tentes", indique le gouvernement.

Le ministre des Affaires étrangères a aussi annoncé l'ouverture d'autres places d'accueil durant ce premier trimestre. Entre autres, une nouvelle structure dans le quartier de Pfaffenthal "avec une capacité maximale de 39 lits". Mais aussi des annexes à des bâtiments existants : une vingtaine de lits supplémentaires dans un centre à Hollerich, de même dans un centre à Differdange. Enfin, un autre grand centre d'accueil à Kirchberg (comportant déjà plus de mille places) ouvrira dès ce mois de janvier 156 lits supplémentaires.

 

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