Près de 150 personnes ont été secourues par les garde-côtes français et britanniques des deux côtés de la Manche, dimanche 29 janvier. Depuis le début de l'année, malgré une militarisation de la frontière toujours plus accrue, 991 migrants ont atteint le Royaume-Uni à bord d'embarcations de fortune.
À la faveur d’une météo plus clémente, les traversées de la Manche se sont multipliées ce week-end. D’après La Voix du Nord, 95 migrants ont été secourus, dimanche 29 janvier, dans l’après-midi, côté français. "Parmi les naufragés se trouvaient des Afghans, des Irakiens dont deux enfants et deux femmes, des Iraniens dont sept femmes et deux enfants, des Indiens dont une femme, quatre Érythréens dont deux femmes, un Soudanais, des Turcs, et un Palestinien, détaille le journal. Ils ont été pris en charge par les agents de la police aux frontières".
Parmi ces 95 personnes, deux groupes de 54 et 29 exilés ont été secourus au large de Gravelines, et ont tous été ramenés au port de Calais.
Un des naufragés qui faisait partie de la première embarcation, victime d'un malaise, a été pris en charge par l'équipage du navire de sauvetage la Garonne, puis par le SAMU 62 à son arrivée à quai. Peu avant ces opérations, son groupe avait indiqué "à la vedette côtière de surveillance maritime (VCSM) Oyapock qu'elle ne nécessitait aucune assistance", rapporte la préfecture de la Manche et de la mer du Nord dans un communiqué.
Le même jour, 50 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été pris en charge par les garde-côtes britanniques, près de Douvres. La veille, samedi 28 janvier, les autorités ont porté secours à 26 autres migrants, a indiqué le ministère de la Défense.
Les 25 et 22 janvier encore, 373 et 442 personnes ont été amenées à Douvres, rapporte le Daily Mail. Les mêmes jours, deux groupes de 31 et 53 personnes ont été secourus, eux, au large du Pas-de-Calais, puis ramenés aux ports de Dunkerque et de Boulogne-sur-Mer.
Rendre la Manche "impraticable"
Depuis le 1er janvier, 991 personnes ont atteint les côtes britanniques après avoir traversé la Manche, contre 1 341 pour tout le mois de janvier 2022. Cette année-là, 45 756 migrants ont gagné le Royaume-Uni, un record.
"Pour faire face aux arrivées sur la côte du Kent, le comté le plus proche du nord de la France", le ministère de l'Intérieur britannique aurait recruté 100 personnes supplémentaires, affirme The Guardian. Une initiative dans la ligne de l'objectif martelé régulièrement par Londres : la baisse drastique des traversées de la Manche par petits bateaux.
Le 11 janvier, le Premier ministre Rishi Sunak a ainsi déclaré vouloir faire adopter de nouvelles lois indiquant "clairement et sans ambiguïté que si vous entrez illégalement [au Royaume-Uni], vous n'aurez pas le droit d'y rester et vous serez expulsé". Il entend notamment que soient déclarées comme "non-valables" les demandes d'asile déposées par des personnes passées par un pays tiers sûr tel que la France, affirme le Daily Mail.
>> À (re)lire : Près de 600 migrants ont traversé la Manche vers le Royaume-Uni depuis le début de l’année
Mais dans les camps du Pas-de-Calais, où tentent des survivre les migrants avant de prendre la mer, rester en France n’est pas une option. Surtout pour ceux dont la demande d’asile y a été refusée. Shamsul, un exilé afghan de 34 ans rencontré en décembre dans le camp de Loon-Plage, avait confié sa détresse à InfoMigrants. "On m’a dit non. Comme j’étais enregistré en Pologne, je suis sous protocole Dublin, donc impossible pour moi de demander l’asile ailleurs. Et là, la seule échappatoire qui s’est offerte à moi, ça a été le Royaume-Uni." De l’autre côté de la Manche, pourtant, cet ancien ingénieur en télécoms ne connaît personne. Mais il trouvera du travail "facilement", croit-il. "Et peut-être que là-bas, on me respectera enfin."