Au moins cinq migrants sont morts dans la zone frontalière entre la Pologne et la Biélorussie| Photo : Kacper Pempel/REUTERS
Au moins cinq migrants sont morts dans la zone frontalière entre la Pologne et la Biélorussie| Photo : Kacper Pempel/REUTERS

Le corps d'une Ethiopienne a été retrouvé dans la forêt la frontière entre la Pologne et la Biélorussie le weekend dernier. Il s'agit de la cinquième personne retrouvée morte dans la région frontalière en moins de deux mois.

Une Ethiopienne de 28 ans, qui avait disparu depuis une semaine, a été retrouvée morte le dimanche 12 février dans la forêt de Bialowieza, près de la frontière biélorusse.

Elle a été découverte par des militants d'un groupe humanitaire local, le Podlaskie Voluntary Humanitarian Emergency Service, explique notamment le quotidien polonais Wyborcza Gazette.


Disparue depuis une semaine

Selon l’ONG, la femme, physiquement affaiblie, s’est retrouvée seule dans la forêt lorsque son mari et un autre migrant de son groupe sont partis chercher de l'aide.

Les deux hommes auraient ensuite été interpellés et renvoyés à la frontière biélorusse par les garde-frontières polonais. Aucune aide ne parviendra à la jeune femme. Des proches finissent par signaler sa disparition. Les militants de Podlaskie Voluntary Humanitarian Emergency Service informent alors la police, qui lance une recherche dans la forêt. L’ONG contacte également les hôpitaux de la région en diffusent une photo de la jeune femme, vêtue d’un pull rouge, d’un bonnet et d’une veste. 

Elle sera retrouvée inanimée dans la forêt près d’une route, vêtue des mêmes vêtements que sur la photo. Seule la veste manquait. À côté d'elle, sur le sol, se trouvait un livre de prières chrétiennes.

"C'est elle, je reconnais son visage", explique Piotr Czaban, l'un des deux militants qui ont découvert le corps de la femme, dans une vidéo filmée lors de la fouille dans les bois.

"Elle pourrait encore être en vie, si le 4 février, la police et les garde-frontières s’étaient rendus à l'endroit indiqué par les amis de la jeune fille. Elle était encore en vie à ce moment-là", poursuit Piotr Czaban dans la vidéo, qu'InfoMigrants n'a pas pu vérifier.

Les deux militants qui ont trouvé le corps de la femme éthiopienne dans la forêt le dimanche 12 février 2023 | Capture d'écran du compte Facebook de Czaban Robi Raban
Les deux militants qui ont trouvé le corps de la femme éthiopienne dans la forêt le dimanche 12 février 2023 | Capture d'écran du compte Facebook de Czaban Robi Raban


Le groupe affirme que les autorités polonaises n'ont pas tenté de secourir la femme et ont refoulé les personnes venues chercher de l'aide.

"J'estime qu'il est injuste que quelqu'un meure, en hiver, dans la forêt sombre, sans aide. Bien qu'elle ait demandé de l'aide, elle n'a pas été secourue", fustige la militante, Katarzyna Mazurkiewicz-Bylok. 

Après la découverte du corps, l'ONG Grupa Granica, qui surveille la situation des migrants à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, a exigé une enquête.

Une plainte a été déposée auprès du Commissaire aux droits de l'homme de Pologne, qui dit avoir demandé des explications aux gardes-frontières et à la police "dans le cadre des procédures en cours".


Il s’agit du cinquième décès depuis le début de l’année parmi les migrants se trouvant dans cette zone. 

Parmi les morts, trois corps n'ont toujours pas pu être identifiés.

En 2021, un grand nombre de migrants, principalement originaires du Moyen-Orient et d'Afrique, ont tenté d'entrer dans l'Union européenne via la Biélorussie, mais ont été stoppés aux frontières de la Pologne, de la Lettonie et de la Lituanie. 

Beaucoup se retrouvent livrés à eux même en forêt ou ont été refoulés vers la Biélorussie, selon des groupes de défense des droits de l'homme. Ils affirment qu'au moins 35 migrants sont morts du côté polonais de la frontière depuis août 2021.

InfoMigrants a demandé aux garde-frontières polonais de commenter le décès de la jeune Ethiopienne. Pour le moment, sans réponse. 

 

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