Un an de guerre, un an d’exil pour beaucoup d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes. Ils sont près de 8 millions à avoir fui la guerre, et 1,5 million d’entre eux ont choisi de se réfugier en Pologne. Un pays qui a fait de nombreux efforts pour les accueillir. Mais après un an, la cicatrice de l’exil et du déracinement n’a toujours pas commencé à guérir.
De notre correspondant à Varsovie,
En mai dernier Sofia a quitté l’Ukraine avec sa fille et son petit-fils. À 70 ans elle a dû rester à Przemysl, à quelques kilomètres de la frontière, côté polonais, à cause de ses problèmes de santé. Le souvenir de son pays est encore intact. "Je me souviens de Kiev, cette si jolie ville. Je me souviens des couleurs de Kiev. Je me souviens du Dniepr, des gens qui habitent là-bas, de mes amis et de mon travail à l’université", raconte Sofia.
Loin de tout cela, elle a toujours du mal à accepter son exil en Pologne et sa vie ici, à cause de la guerre. "Maintenant, je suis âgée, mais je ne comprends toujours pas pourquoi je ne peux pas vivre dans mon pays… Mon esprit sait pourquoi, mais dans mon cœur, je ne peux pas le comprendre", se résout-elle
Toute cette famille a dû s’adapter à sa nouvelle vie. Vitalii a 17 ans. En Ukraine, il était en passe de devenir volleyeur professionnel : "J’aimerais travailler dans l’informatique maintenant. Mon projet, c'est d’étudier ici, et dans quelque temps retourner en Ukraine. Kiev, c’est ma ville, je suis né là-bas, je suis allé à l’école, j’ai mes amis…", explique l'adolescent.
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"Je souhaite de tout mon cœur pouvoir y retourner"
Ania, sa mère, quant à elle, cherche encore du travail. Elle ne parle pas encore polonais et se faire embaucher sans ça s'avère compliqué. "J’essaye d’apprendre le polonais, mais à 40 ans, c’est difficile, mais j’essaye", dit-elle. "Avant, j’étais dans l’immobilier, j’avais ma propre société. J’ai essayé de travailler à distance, mais c’était compliqué, donc je cherche ici à Przemysl. On fait de notre mieux pour aider ma mère à aller mieux."
Après un an d’exil, cette famille s’appuie sur la forte communauté ukrainienne dans cette ville frontalière. Tous les trois tentent de penser à la suite. Vitalii veut poursuivre ses études en Pologne et Ania espère trouver du travail rapidement pour aider sa mère à aller mieux.
Les larmes montent aux yeux de Sofia quand elle évoque son vœu le plus cher. "J’ai vécu à Kherson pendant de nombreuses années. J’ai travaillé à l’université là-bas. Il y avait toutes les nationalités à Kherson", explique Sofia. "C’est une ville historique, mais maintenant, elle est juste en train d’être détruite. Je suis tellement triste pour cette ville. Et je souhaite de tout mon cœur pouvoir y retourner. J’ai un appartement là-bas, tout y est resté. Il y a mes amis, il y a le souvenir de toutes mes années de travail, d’études. Mais je me rends compte que c’est presque impossible."
Au fond de son cœur, Sofia est persuadée qu’elle retournera bientôt en Ukraine. Elle a l’intuition que dans 4 mois, la guerre sera terminée.