Ces deux Afghans ont été priés de déménager à des centaines de kilomètres de Londres en raison d'un manque de logement. Crédit : capture d’écran DW / Kate Martyr
Ces deux Afghans ont été priés de déménager à des centaines de kilomètres de Londres en raison d'un manque de logement. Crédit : capture d’écran DW / Kate Martyr

Au Royaume-Uni, les autorités britanniques ont annoncé de nouveaux moyens financiers, alors que certains réfugiés vivent depuis plus d'un an dans des hôtels.

Le Royaume-Uni a accueilli près de 21 000 réfugiés afghans depuis le retour au pouvoir des Talibans en août 2021. Environ la moitié d'entre eux continuent à vivre dans des hôtels, à défaut d’avoir trouvé un logement privé. Dans ces solutions d’hébergement temporaires, les espaces de vie et les cuisines sont souvent trop petits pour les familles nombreuses.

Ces derniers mois, la pression est montée d’un cran pour pousser le gouvernement conservateur à agir. Le ministère britannique de l'Intérieur, de son côté, s'est justifié en pointant une "pénurie de logements pour tous les habitants de Londres". "Les hôtels ne constituent pas une solution à long terme", ont toutefois admis les autorités.

Pour pallier ce problème, elles ont ajouté qu’"occasionnellement, des familles [pouvaient] être déplacées d'un hôtel dont la fermeture est prévue vers un autre hôtel", moyennant un "préavis".


De nombreux réfugiés afghans sommés de déménager ont pourtant trouvé un emploi à Londres. Crédit : Capture d'écran DW / DW / Kate Martyr
De nombreux réfugiés afghans sommés de déménager ont pourtant trouvé un emploi à Londres. Crédit : Capture d'écran DW / DW / Kate Martyr

Stress et anxiété

Omar Farooq (son nom a été modifié pour protéger son identité), jeune réfugié afghan, est dans ce cas. Pendant les 18 mois qui ont suivi son départ d'Afghanistan, il a été hébergé dans un hôtel de Londres, le Radisson Blu Vanderbilt Hotel, dans le quartier de Kensington.

Mais en février, lui et les autres résidents de l'établissement ont reçu une lettre du ministère de l'Intérieur britannique les informant que l'hôtel "ne serait plus disponible pour héberger des réfugiés" et que les autorités allaient reloger tout le monde dans des "hôtels alternatifs".


La lettre de préavis de relogement du ministère de l'Intérieur. Crédit : Capture d'écran DW / DW / Kate Martyr
La lettre de préavis de relogement du ministère de l'Intérieur. Crédit : Capture d'écran DW / DW / Kate Martyr


Pour Omar, les autorités ont choisi la ville de Leeds, dans le nord de l'Angleterre, à quelque 300 kilomètres de Londres. "Moi, mon frère et nos amis, avons tous un travail. Nous avons nos carrières et nous voulons les poursuivre. J'ai un gros cercle d'amis parce que, depuis que je suis arrivé au Royaume-Uni, je suis passé par trois emplois différents. J’ai tous mes anciens collègues ici à Londres", raconte-t-il.

Ce changement de vie à venir est un frein à l'intégration du réfugié. "C’est très stressant, poursuit-il. J’ai déjà perdu tous mes amis restés en Afghanistan. Et maintenant, on me demande de faire la même chose et de quitter l'endroit où je me suis fait de nouveaux amis. J’ai dû mal à y croire et à l’accepter."

Un autre homme ayant également vécu à l'hôtel Radisson Blu Vanderbilt dit craindre que le changement d'école et de lieu ne perturbe l'éducation de ses enfants. "Notre famille est venue au Royaume-Uni parce que le régime en Afghanistan a changé, ce qui a entraîné des problèmes comme l'interdiction d'étudier", rappelle-t-il. "En allant ailleurs, nous allons devoir recommencer l'année scolaire à zéro."


Omar Farooq a trouvé un travail à Londres. Aujourd’hui, on lui demande de déménager à Leeds. Crédit : Capture d'écran DW / DW / Kate Martyr
Omar Farooq a trouvé un travail à Londres. Aujourd’hui, on lui demande de déménager à Leeds. Crédit : Capture d'écran DW / DW / Kate Martyr


600 nouveaux logements

Sadiq Khan, le maire de Londres, a reconnu que de nombreux sites de transition pour les réfugiés ukrainiens et afghans allaient fermer dans les mois à venir, ajoutant que cela "mettra davantage de pression sur les programmes d'hébergement du conseil municipal qui sont déjà très sollicités".

Le 27 février, il a cependant annoncé le déblocage de près de 144 millions d'euros pour la construction de 600 nouveaux logements, ainsi que pour la rénovation de logements existants, dans la capitale britannique à destination de ces mêmes réfugiés.

Lorsque ces derniers n'en auront plus besoin, les logements en question deviendront "des logements sociaux ou abordables" pour les Londoniens, a promis le maire.



Les 144 millions d'euros de financement proviennent d'une enveloppe plus large d’environ 570 millions d'euros destinée à augmenter les capacités immobilières dans tout le pays.

À Londres, les associations d’aide au logement et les autorités publiques pourront solliciter cette enveloppe dès le printemps pour "construire, acheter ou rénover des logements pour les réfugiés".

Le maire a par ailleurs promis que "les loyers demandés aux réfugiés seraient abordables".

Projets similaires à travers le Royaume-Uni

Des programmes similaires sont annoncés dans d'autres villes du Royaume-Uni, comme le rapporte la BBC. Selon la chaîne publique, une trentaine de maisons seront mises à disposition dans la ville de Cambridge pour les réfugiés ukrainiens et afghans.

Ces nouvelles maisons devraient être disponibles d'ici à la fin du mois de novembre.

Le gouvernement britannique tente depuis longtemps de déplacer les familles afghanes en dehors de la capitale, les logements à Londres étant moins nombreux et plus chers. En août 2022, le ministère de l'Intérieur a ainsi tenté d'offrir à chaque famille logée dans un hôtel à Londres "deux propositions décentes" dans d’autres villes, selon le journal The Guardian.

Selon les calculs de l'organisation caritative britannique Full Fact, le gouvernement dépense environ 7,6 millions d'euros par jour pour l'hébergement des demandeurs d'asile. Sur ce montant, environ 1,3 million d'euros sont destinés aux réfugiés afghans.

 

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