L'homme jugé au tribunal de Bayonne ce mardi est responsable, selon les enquêteurs, d'avoir fait passer près de 250 migrants illégalement de l'Espagne à la France. Il a été condamné à trois ans de prison ferme.
Un homme de 31 ans a été condamné à Bayonne, mardi 7 mars, à trois ans de prison ferme et à une interdiction définitive du territoire français, pour avoir organisé le passage de 247 migrants entre mars 2020 et décembre 2021 à la frontière franco-espagnole.
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L'accusé, de nationalité camerounaise, a nié les faits à la barre, raconte France Bleu. Or, les enquêteurs de la police aux frontières (PAF) et de la police nationale espagnole l'estiment responsable de 35 passages entre Irun et Bayonne, deux villes séparées d'une quarantaine de kilomètres. Ces passages auraient rapporté 150 euros de gains par trajet à sa filière.
"Un des trafiquants d'êtres humains les plus importants de ces dernières années"
Les trois ans de prison ferme ont été justifiés par le tribunal par cette absence de reconnaissance des faits ; mais aussi par la caractérisation de "bande organisée", ainsi que par des faits d'abus de la précarité des exilés.
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Le procureur de la République Jean-Claude Belot a estimé que le prévenu "était organisateur du trafic d'êtres humains, mais aussi rabatteur". Aux yeux du dirigeant de la police aux frontières d'Hendaye, Bertrand Buisson, il serait même "l'un des trafiquants d'êtres humains les plus importants de ces dernières années".
L’homme est déjà connu de la justice française : il avait été condamné à 8 mois de prison ferme l’an dernier, assortis d’une interdiction du territoire français de 5 ans. Basé dans la province du Guipúzcoa, dans le Pays basque, au nord de l’Espagne, il avait été arrêté et extradé la semaine dernière.
Des risques accrus pour les migrants
D’autres passeurs ont été arrêtés ces derniers mois dans la région. En juin 2022, deux prévenus, un Français et un Espagnol, ont été jugés coupables d'avoir fait passer illégalement 120 personnes en l'espace de trois mois. Ils ont été condamnés à six mois de prison ferme.
Quelques mois plus tôt, en janvier 2022, un berger de 49 ans avait été condamné à quatre ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Bayonne pour avoir transporté des migrants sur la même zone. La route qui mène au Pays basque est très empruntée par les migrants en provenance d’Espagne et qui cherchent à gagner la France ou le nord de l'Europe.
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La militarisation accrue de la frontière pousse les exilés à emprunter des itinéraires de plus en plus risqués. Certains tentent par exemple de traverser à la nage, au péril de leur vie, le fleuve de la Bidassoa, frontière naturelle entre l’Espagne et la France. Le 18 juin, le corps d’un jeune homme de 25 ans originaire de Guinée a été retrouvé dans l’eau.