Le bilan du naufrage, survenu le 26 février au large de l'Italie, s'élève désormais à 81 morts. Crédit : Reuters
Le bilan du naufrage, survenu le 26 février au large de l'Italie, s'élève désormais à 81 morts. Crédit : Reuters

À Crotone, dans le sud de l’Italie, plusieurs corps ont été retrouvés ces derniers jours sur le rivage. Ces dépouilles sont celles de migrants ayant péri dans le naufrage survenu au large des côtes italiennes le 26 février. Le bilan du drame s'élève désormais à 86 morts.

Deux semaines après le naufrage meurtrier au large de la Calabre, la mer continue de recracher des corps sur le rivage. Ces derniers jours, plusieurs dépouilles ont été retrouvées près des côtes du sud de l’Italie.

Dans la matinée du mercredi 15 mars, cinq corps ont été découverts, dont une fillette de trois et un garçon de sept ans. La veille, ce sont deux cadavres qui ont été retrouvés, indique la presse italienne. Le premier a été repêché en début d’après-midi dans la région calabraise. Il s'agit probablement un homme adulte.

Le deuxième a été repéré par un hélicoptère des garde-côtes un peu plus tard dans la journée de lundi dans le bras de mer entre Botricello et Belcastro, dans la province de Catanzaro, à quelques kilomètres du lieu du naufrage. Il s’agit d’un homme de 30 ans, dont l’identité est difficile à définir : le corps a été récupéré en état de décomposition avancé, après être resté 16 jours dans l’eau.

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Quelques heures plus tôt, dimanche, trois autres cadavres avaient été retrouvés : ceux de deux adultes et d’un enfant. Le samedi, la mer avait ramené les corps de trois autres victimes, deux enfants et un adulte.

Vingt personnes toujours portées disparues

Ces nouvelles découvertes portent à 86 le nombre de personnes retrouvées mortes noyées au large de la Calabre. Parmi elles, 32 sont des mineurs, dont 23 entre 0 et 12 ans.

Les recherches continuent, les autorités n’excluant pas de retrouver d’autres corps dans les prochains jours. Selon les témoignages des rescapés, au moins 20 exilés ayant pris place sur le bateau sont toujours portés disparus, dont six enfants.

Le 26 février dernier, une embarcation s’est brisée sur des rochers à quelques mètres des côtes italiennes, dans la région de Calabre. Le bateau, parti de Turquie le 23 février, transportait entre 120 et 200 personnes, majoritairement originaires d’Afghanistan, d’Iran et du Pakistan.

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Selon les secouristes, c’est à cause de la mer agitée que le navire s’est fracassé contre un haut-fond. Le premier bilan faisait état de 62 personnes décédées et 80 naufragés secourus.

"Un garçon afghan de 12 ans a perdu toute sa famille, neuf personnes en tout : ses quatre frères et soeurs, ses parents et d'autres proches membres de sa famille", a raconté à la presse Sergio di Dato, chef de l'équipe de psychologues dépêchée sur place par l'ONG Médecins sans Frontières (MSF).

Trente-huit cercueils sans nom

Ce naufrage est l'un des pires de la décennie. "En Italie, on n'avait pas vu quelque chose comme ça depuis le 3 octobre 2013", a déclaré à InfoMigrants Sara Prestianni, chargée du programme "migration et asile" au sein de l'ONG EuroMed Rights. Ce jour-là, un chalutier transportant environ 500 personnes, parties de Libye, avait sombré à moins d’un kilomètre du rivage de l'île italienne de Lampedusa. Bilan : 368 morts.

Quelques jours après le naufrage du 26 février, les corps ont été transportés vers le Palais des sports de Crotone, transformé en chapelle ardente, pour permettre à des membres des familles des victimes de se recueillir.


Le cercueil du petit Muzamel, sept ans, est arrivé à Kaboul. Crédit : DR
Le cercueil du petit Muzamel, sept ans, est arrivé à Kaboul. Crédit : DR


Parmi les cercueils, 38 demeurent sans nom. Les corps n’ont pas pu être reconnus par des membres de leur famille ou des survivants au naufrage, ni être identifiés par la police scientifique. Les dépouilles devraient donc bientôt être enterrées dans la région italienne de manière anonyme.

Plusieurs corps ont en revanche pu être transférés dans leurs pays d'origine. Parmi eux, le cercueil du petit Muzamel, sept ans, est arrivé à Kaboul, en Afghanistan, mardi 14 mars et a été enterré aussitôt. InfoMigrants est en contact avec sa famille. Le père, lui aussi décédé dans le naufrage, avait envoyé à son frère des images à bord du bateau, peu de temps avant le drame, pour le rassurer.

 

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