Des documents transmis par la préfecture, aux demandeurs d'asile. Crédit : InfoMigrants
Des documents transmis par la préfecture, aux demandeurs d'asile. Crédit : InfoMigrants

Un nouveau centre d'accueil pour demandeurs d'asile de 40 places doit ouvrir ses portes à Beyssenac, en avril. Mais la préfecture fait face à l'hostilité des habitants qui s'inquiètent de ces nouveaux arrivants.

C'est un petit village de 357 habitants perdu au nord-ouest de la Corrèze, en Nouvelle-Aquitaine. Ici, un nouveau centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) doit prochainement ouvrir ses portes à 40 migrants. Vingt doivent y être accueillis dès avril, puis 20 autres d'ici la fin de l'année.

L'annonce, révélée par la presse locale fin janvier, a suscité une vive inquiétude parmi des habitants de la commune rurale. "Pour moi, l'endroit n'est pas adapté", explique à InfoMigrants Philippe Ponge, fondateur du collectif "Sauvons Beyssenac", soutenu par l'extrême-droite et qui regroupe une cinquantaine de personnes. "On aurait préféré que le projet soit touristique ou hôtelier".

"C'est un site qui est mal placé car il est éloigné des commerces et des services de santé", complète le maire Francis Comby.

La préfecture a tenté de rassurer sur l'isolement de l'emplacement : "Les transports seront organisés et réalisés par les membres de l’équipe éducative avec des véhicules de service. Ils permettront aux élèves [du CADA, ndlr] d'être transportés dans leurs établissements scolaires, aux personnes d'aller faire leurs courses deux fois par semaine, ainsi que, dans une certaine mesure, de participer à des activités extérieures et d'accéder à des sorties collectives", a-t-elle expliqué sur son site, le 7 mars. "Par ailleurs, l'association assurera le transport des personnes vers leurs rendez-vous administratifs ou de santé."

"Ils se rendront compte que ce sont des gens qui ont fui leur pays en guerre"

C'est l'association Viltaïs, spécialisée dans l'insertion sociale, qui a été missionnée par l'État pour prendre en charge ce CADA. Elle en gère déjà six en France, dont un en Corrèze, selon la préfecture.

L'association se veut rassurante : "Une fois que les gens auront côtoyé les demandeurs d'asile, ils se rendront compte que ce sont des gens qui ont fui leur pays en guerre et ils viendront les soutenir si besoin", a déclaré la directrice du pôle Asile, Karine Bouteleux, à France 3.

D'après France Bleu, Viltaïs est en passe d'acquérir l'hôtel de la Mandrie, un ancien hôtel-restaurant, désormais à l'abandon, pour 500 000 euros. "L'hôtel de la Mandrie ne trouvait pas repreneur depuis de long mois : il offre un site tout a fait adapté pour un CADA. Que ce site soit en zone rurale ne pose pas de difficulté majeure", explique la préfecture dans son communiqué.

Manifestations d'extrême droite

Sur les 46 632 places en CADA que comptait la France fin 2021, 4 855 se trouvent en Nouvelle-Aquitaine dont 197 pour le département de la Corrèze. Un chiffre que la préfecture estime insuffisant. "En Corrèze, nous étions un peu en dessous de la moyenne régionale. Nous avions déjà des places, par exemple le CADA de Peyrelevade où ça se passe très bien, et nous étions en recherche de quelques places supplémentaires pour pouvoir compléter notre dispositif", a déclaré à France 3 le préfet Etienne Desplanques le 13 février.

Un argument qui n'a pas convaincu une partie des habitants locaux. Le collectif "Sauvons Beyssenac", soutenu par les parti d'extrême droite Reconquête et Les Patriotes, espère tout simplement l'annulation du projet. Il a organisé une manifestation à Pompadour le 18 février, rassemblement auquel a répondu un collectif d'habitants favorables à l'implantation du CADA.

Le Rassemblement national s'est aussi saisi du sujet en montant son propre collectif "Non au CADA Beyssenac". Le 25 février, une manifestation à l'initiative du mouvement nationaliste l’Action Française a rassemblé une trentaine de personnes aux cris de "On est chez nous", selon le journal La Montagne. Du jamais vu dans le coin.

Pour tenter d'apaiser la situation, la préfecture de Corrèze organise une réunion publique ce jeudi 16 mars à 18h à Beyssenac.

 

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