Le gouvernement britannique a présenté, mardi, un nouveau plan pour transférer les Afghans - venus après la chute de Kaboul à l'été 2021 - depuis leurs hôtels vers des logements stables. Des élus et des associations craignent cependant que cette nouvelle procédure n'engendre des remises à la rue.
Quitter l'hébergement d'urgence pour un foyer stable : tel est l'objectif du plan présenté par le gouvernement britannique, ce mardi 28 mars, à destination des Afghans qui ont été évacués d'Afghanistan suite à la chute de Kaboul en août 2021.
Depuis lors, 22 833 personnes sont arrivées au Royaume-Uni en provenance d'Afghanistan. Près de 18 mois plus tard, environ 9 000 vivent toujours dans des logements temporaires.
Ces hébergements temporaires sont en majorité des hôtels-relais. Ils sont gérés par le Home Office, l'équivalent britannique du ministère de l'Intérieur. Les municipalités n'ont pas la main directement sur cette gestion.
Dans son nouveau plan, le gouvernement britannique va insister sur deux aspects : débloquer des fonds (35 millions de livres) pour que les collectivités locales appuient les recherches de logements pour les Afghans, expose The Guardian, et leur proposer un logement stable.
Craintes de remises à la rue
En revanche, la deuxième partie de ce plan prévoit qu'une seule et unique offre de transfert pourra être proposée à chaque ménage. En cas de refus, aucune autre solution alternative de logement ne sera proposée. De nombreux migrants afghans pourraient donc se retrouver contraints de déménager, malgré les ruptures au niveau de l'emploi ou dans la scolarisation des enfants que cela implique.
Surtout, ce plan constitue seulement une aide, pas une garantie. Si les personnes ne trouvent pas de solution de logement fixe par elles-mêmes, grâce à l'aide des collectivités, ni via l'offre de l'État, alors elles se retrouveront dans l'impasse.
Or, le gouvernement britannique souhaitent que les transferts s'effectuent avant la fin de l'année, indique encore The Guardian. Certaines associations britanniques de défense des droits humains craignent donc des remises à la rue.
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"Nous sommes profondément préoccupés par de nombreux aspects de ces plans, en particulier le risque qu'il puisse conduire à ce que des personnes qui ont fui les Taliban en Afghanistan se retrouvent sans abri et sans ressources dans les rues", a déclaré Enver Solomon, le directeur général du Conseil pour les réfugiés.
"Offre généreuse"
"Quand une offre d'hébergement sera refusée, il n'y en aura pas d'autre", a martelé Johnny Mercer, le secrétaire d'État aux Anciens Combattants, devant le Parlement.
"À une époque où les contribuables et le marché du logement sont soumis à de nombreuses pressions (...) ces mesures représentent une offre généreuse. Et en échange de cela, nous attendons des familles qu'elles s'aident elles-mêmes", a-t-il défendu.
En réponse, des responsables d'associations et élus ont rappelé le gouvernement britannique à ses responsabilités. "Les hôtels ne sont pas l'endroit idéal pour les réfugiés, mais le fait que des milliers d'Afghans y soient restés pendant des mois est une conséquence de la mauvaise gestion du gouvernement et de son incapacité à travailler en partenariat avec les municipalités (...) pour trouver un logement convenable”, a encore tancé Enver Solomon.
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"Ils ont gaspillé l'argent des contribuables dans des hôtels, maintenu la vie des réfugiés afghans dans les limbes, causé des dommages incalculables à leur bien-être mental", a dénoncé pour sa part Peymana Assad, une conseillère municipale travailliste de la ville d'Harrow (nord-ouest de Londres) auprès du Guardian. Elle regrette que le gouvernement choisisse désormais de "jeter ces familles afghanes dans le désert de l'itinérance, dans le pays où elles ont été amenées, non par choix mais par nécessité".
Dans un extrait vidéo promu sur ses réseaux sociaux, le secrétaire d'État Johnny Mercer a répondu à ces critiques. Il rappelle que la gestion d'août 2021 a été "incroyablement difficile" et que les raisons menant à la saturation actuelle des hôtels sont "multiples". "Nous avons trop de personnes dans les hôtels, et nous voulons qu'elles soient réintégrées dans la société britannique. C'est aussi simple que ça", a-t-il soutenu.
Jusqu'ici, pour répondre à la saturation des logements temporaires, en particulier à Londres, les transferts se faisaient surtout d'hôtel à hôtel, souvent de manière précipitée. Selon des informations du Guardian, des centaines d'Afghans, dont 150 enfants, qui sont actuellement hébergés dans le quartier londonien de Kensington ont été informés qu'ils devaient déménager, cette semaine, dans le Yorkshire, comté du nord de l'Angleterre situé à environ 300 km de là. Pris au dépourvu, ils ont refusé de bouger.