En pleine mer Méditerranée, des migrants subsahariens attendent d’être secourus par des garde-côtes tunisiens, non loin de Sfax (image d'illustration). Crédit : AFP / Hafidh
En pleine mer Méditerranée, des migrants subsahariens attendent d’être secourus par des garde-côtes tunisiens, non loin de Sfax (image d'illustration). Crédit : AFP / Hafidh

En Tunisie, les naufrages d’embarcations irrégulières ont augmenté ces dernières semaines. Vingt-neuf migrants sont morts lors de trois naufrages différents la semaine passée, plus de 132 ont disparu depuis le début janvier 2023. Reportage à Sfax, dont les 150 kilomètres de côte sont les points de départ de nombreux bateaux vers l'Europe.

Avec notre correspondante en Tunisie, Lilia Blaise

Pour les rescapés des naufrages, l’après-catastrophe est difficile. Il faut gérer le trauma psychologique, recommencer de zéro car une grande partie des économies a servi au financement de la traversée. Mais, malgré le fait d’avoir frôlé la mort, de nombreux migrants subsahariens confient vouloir recommencer, n’arrivant pas à envisager une amélioration de leur situation en Tunisie. Le retour au pays n’est pas non plus une option.

"Miracle"

Dans le logement d’urgence fourni par l’ONG Terre d’asile, une jeune femme, 30 ans, qui souhaite rester anonyme, se reconstruit progressivement après avoir vécu un naufrage traumatisant en décembre. Elle y a perdu son compagnon et a sauvé in extremis sa fille : "On a pas eu de secours jusqu’au lendemain à huit heures du matin quand on a vu un pêcheur, donc plusieurs personnes sont mortes, y compris mon conjoint. Mais Dieu a fait ce miracle que je suis sortie avec la petite."

Pour survivre, "on avait des chambres à air", dit encore cette Camerounaise. De simples chambres à air pour bouée et un bébé de 10 mois dans les bras pendant près de 10 heures dans l’eau. Malgré cette épreuve, la jeune femme pense à repartir, n’ayant pas de moyen de vivre en Tunisie.

>> À (re)lire Tunisie: la vie en sursis des migrants à Sfax

"On ne se sent plus en sécurité en Tunisie donc ça nous pousse encore à vouloir quitter le pays, à prendre un peu plus de risques en essayant de traverser la Méditerranée. Là pour l’instant je ne peux pas rester au Cameroun et non plus demeurer en Tunisie", affirme-t-elle. Les autorités et les ONG remarquent une recrudescence des départs quelle que soit la météo.

Faouzi Masmoudi, le porte-parole du tribunal de la ville explique les nouvelles méthodes de départs surtout pour les migrants subsahariens, les plus touchés par les derniers naufrages : "Avant, les organisateurs étaient pratiquement des gens de la ville, des Sfaxiens, des Tunisiens. Mais maintenant, on voit de plus en plus des organisateurs africains. Ils sont de plus en plus impliqués."

 

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