Les sauveteurs espagnols cherchent des survivants après le naufrage d'une embarcation de migrants aux Canaries, près de Lanzarote, le 18 juin 2021. Crédit : Reuters
Les sauveteurs espagnols cherchent des survivants après le naufrage d'une embarcation de migrants aux Canaries, près de Lanzarote, le 18 juin 2021. Crédit : Reuters

L'archipel espagnol des Canaries a enregistré une chute de 63% du nombre d'arrivées de migrants entre janvier et mars 2023, par rapport à la même période en 2022. Cette baisse, observée depuis l'année dernière, s'explique par une coopération renforcée entre les gouvernements espagnol et marocain.

Le nombre d'arrivées illégales dans les Canaries continue de baisser début 2023. Selon la principale agence de presse espagnole, EFE, l'archipel espagnol a enregistré une baisse de 63% de l'immigration irrégulière au premier semestre 2023 par rapport à la même période en 2022. D'après le dernier bilan bimensuel du ministère de l'Intérieur publié ce lundi 3 avril, entre le 1er janvier et le 31 mars, 2 178 personnes sont arrivées dans l'archipel, situé au large des côtes nord-ouest de l’Afrique, contre 5 940 personnes au premier trimestre 2022. Seules les arrivées irrégulières par voie maritime vers la péninsule ibérique et les Baléares ont augmenté de 15,7%.

Les 15 et 16 mars dernier, le président du gouvernement des îles Canaries, Angel Victor Torres, s'est rendu au Maroc pour s'entretenir avec le chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch, notamment : "De bonnes relations entre l'Espagne et le Maroc ont toujours un impact positif sur les Canaries, avait-il déclaré dans un tweet. La volonté de s'accorder sur des enjeux communs permet, par exemple, de réduire l'immigration irrégulière"

Réchauffement des relations diplomatiques entre l'Espagne et le Maroc

Au niveau national, l'Espagne a enregistré au premier semestre 2023 une baisse des entrées irrégulières de 51% par rapport à 2022 avec 4 287 arrivées. Déjà, en 2022, l'Espagne avait enregistré une baisse des arrivées illégales de 25% par rapport à 2021, après trois années de hausse.

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Cette amélioration est le fruit de nouveaux accords signés en avril 2022 entre le roi Mohammed VI et le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, pour renforcer les contrôles à la frontière marocaine. Cette rencontre a marqué la fin de la brouille diplomatique qui opposait le Maroc et l'Espagne depuis plus d'un an sur la question du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole contrôlée à 80% par le royaume. Par ailleurs, l’Union européenne préparait en août dernier une enveloppe financière de 500 millions d’euros pour le Maroc, afin de soutenir le pays dans le contrôle de ses frontières.

Une route maritime toujours meurtrière

La route des Canaries était très empruntée au début des années 2000, avant d'être laissée de côté au profit de la Méditerranée. Elle est de nouveau devenue un passage privilégié par les migrants en 2019 lorsque les patrouilles en mer Méditerranée ont été renforcées. Au total, 22 316 migrants sont arrivés illégalement aux Canaries en 2021, contre 23 271 en 2020.

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La plupart des migrants débarquant aux Canaries prennent la mer depuis des côtes africaines, en particulier depuis les ports du Sahara occidental, comme Dakhla (au sud), à près de 450 km des îles Canaries, ou Laayoune (au nord), située à 200 km de Lanzarote.

Cette route maritime est considérée par l’Organisation internationale de la migration (OIM) comme "la plus dangereuse" vers l’Europe. Selon l'ONU, une cinquantaine de personnes ont trouvé la mort en tentant cette traversée depuis janvier. Mais ce chiffre est trompeur, car dans l'immensité de l'espace maritime qui sépare les côtes africaines de l'archipel espagnol, si un bateau fait naufrage, la plupart des corps ne sont pas retrouvés.

 

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