Une mère migrante subsaharienne dans un hébergement à Sfax, en Tunisie. Crédit : Lilia Blaise
Une mère migrante subsaharienne dans un hébergement à Sfax, en Tunisie. Crédit : Lilia Blaise

Dans la ville tunisienne de Sfax, les mères célibataires subsahariennes sont souvent les plus exposées à la précarité. Certaines de ces migrantes ont perdu leur conjoint dans un naufrage, d’autres sont tombées enceintes après des viols lors de leur périple. Elles se retrouvent avec des enfants à charge, sans pouvoir travailler ou rentrer dans leur pays d’origine par honte et peur d’être une charge pour leur famille. Les ONG comme Terre d’asile et Médecins du Monde tentent de leur porter assistance.

54 TUNISIE _Enrobé MATIN Le femmes migrantes mères-célibataires


Avec notre envoyée spéciale à Sfax, Lilia Blaise

Yaye Oumou, Guinéenne de 30 ans, est arrivée en Tunisie il y a moins d’un an, accompagnée de son mari et de leur nouveau-né. Leur projet était clair : partir vers l’Europe. Mais rien ne s’est déroulé comme prévu : son conjoint a fini par partir sans elle. Yaye a vécu un naufrage qui l’a traumatisée de l’eau.

"J’ai dit : 'J’ai peur, je veux rentrer maintenant, j’ai peur de l’eau'. Je lui ai dit : 'Je veux rentrer au pays'. Il m’a dit : 'comment tu vas rentrer ? Une fois au pays, il n’y a pas de travail, je n’ai rien à te donner, les parents n’ont pas de moyens pour te soutenir'. Il est parti, un jour il m’a appelé, il m’a dit qu’il est en Italie."

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Elle a trouvé refuge dans un hébergement d’urgence de l’ONG Terre d’Asile tout comme Katalina, hébergée avec sa fille de sept mois. Le père de son enfant l’a abandonnée deux mois après la naissance : "Je pense beaucoup à ce que je vais devenir avec un enfant", dit la jeune Ivoirienne de 23 ans. Avant sa grossesse, elle faisait des ménages et était indépendante financièrement.

Mais comme l’explique Yosra Allani, coordinatrice régionale Terre d’Asile, les femmes migrantes ont du mal à retrouver un emploi après l’accouchement : "Prendre un enfant au travail ce n’est pas vraiment favorable, limite ils n’acceptent pas des enfants dans les lieux de travail donc généralement, les femmes avec des bébés sont sans revenu."

L’ONG ne peut les aider que provisoirement. À Tunis, certaines Subsahariennes avaient monté des crèches informelles pour aider ces mères célibataires et les familles, mais elles ont dû fermer avec le durcissement des contrôles pour les migrants sans papiers après les propos polémiques du président Kaïs Saïed.

 

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