Dimanche 2 avril, étudiants gabonais et camerounais se sont affrontés dans un match de football après la rupture du jeûne. Crédit : Lilia Blaise / RFI
Dimanche 2 avril, étudiants gabonais et camerounais se sont affrontés dans un match de football après la rupture du jeûne. Crédit : Lilia Blaise / RFI

En Tunisie, après les propos virulents de Kaïs Saïed le 21 février contre les migrants subsahariens, la situation est revenue au calme dans la ville de Sfax, dans le centre-est du pays. Des violences y avaient été perpétrées contre les étrangers. Aujourd'hui, des tournois de football organisés par les associations étudiantes et des partenaires locaux tunisiens permettent de mettre de côté les angoisses et les tensions de ces dernières semaines.

REP 2'15 Afrique 14-04-23 TUNISIE REPORTAGE MIGRATION FOOTBALL RESILIENCE

De notre envoyée spéciale à Sfax,

Sur l’un des terrains du Club sportif sfaxien, le club de football de la ville, Félix, étudiant camerounais en marketing digital s’entraîne avec son équipe pour la Canuf, la Coupe d’Afrique des nations universitaire de football.

L'évènement est organisé en partenariat avec le commissariat régional de la Jeunesse et des Sports de la ville. "Je connais beaucoup de personnes, pour la plupart grâce au foot, parce que j’ai joué avec eux. On s’est rencontrés au stade et puis on a partagé quelque chose", explique-t-il.

L’évènement sportif prévu initialement pour le mois de mars, avait été repoussé à une date ultérieure après les propos du président Kaïs Saïed, fustigeant l'immigration illégale d'Africains subsahariens.

"Une bonne chose pour l'unité et la cohésion sociale"

Les entraînements suspendus, la reprise est plus que symbolique pour Félix. "En ce qui concerne la situation des migrants, je crois que le foot est un sport qui ne va pas aider à régler le problème... mais contribuer à le résoudre parce qu’il permet de rassembler, de mettre des gens de la même culture ensemble. C’est une bonne chose pour l’unité et la cohésion sociale", souligne Félix.

>> À (re)lire : Tunisie: la vie en sursis des migrants à Sfax

Cette mini CAN est l’occasion, selon Loïc Oyono, entrepreneur basé à Sfax et l’un des coachs de l’équipe, de faire preuve de résilience. "S’il y a quelque chose avec laquelle on peut bien se battre, c’est bien cela, c’est le football, et c’est bien qu’on se regroupe entre communautés", insiste l'entrepreneur.

L'ombre de la crise migratoire plane malgré tout

Quelques jours plus tard, le premier match d’entraînement a lieu entre Camerounais et Gabonais.

Yvan, 24 ans, étudiant gabonais en gestion financière, a tenu le coup grâce au football pendant les semaines de tensions qui ont suivi les propos présidentiels. "Lors de cette crise, c’était vraiment difficile. Mais lorsque vous avez des amis avec qui vous jouez au foot, ça vous apporte du réconfort."

Le début de cette coupe est prévu après le mois de ramadan. Malgré cet aspect positif, l’actualité de la crise migratoire est toujours présente. La ville de Sfax est connue pour être une plaque tournante de la migration irrégulière avec ses 150 kilomètres de côtes. Elle voit une recrudescence des départs irréguliers vers l’Italie.

Ronaldo, un jeune Camerounais de 16 ans, s’entraînait occasionnellement avec l’équipe estudiantine dans l’espoir de devenir un footballeur professionnel en Europe. Quelques jours après notre reportage, il est décédé dans un naufrage en tentant de traverser la Méditerranée.

 

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