En seulement deux jours, mercredi et jeudi, 214 migrants ont été secourus par trois navires humanitaires en Méditerranée centrale. L’Astral, d’Open Arms, a par ailleurs récupéré un cadavre en mer. Entre le 18 et le 26 avril, près de 300 personnes ont péri noyées en tentant de rejoindre l’Europe sur des canots de fortune.
Ces dernières semaines, les départs depuis les côtes tunisiennes et libyennes sont en nette augmentation. Les garde-côtes italiens et tunisiens se disent débordés par l’afflux de migrants en mer.
Les humanitaires sont eux aussi fortement sollicités. En seulement deux jours, les navires d’ONG ont porté assistance à 214 exilés en Méditerranée centrale.
Plus de 100 personnes à bord de l’Astral
Le voilier d’Open Arms, l’Astral, est celui qui a pris en charge le plus de naufragés, avec le sauvetage de 104 personnes en 24 heures.
Première opération : dans la nuit de mercredi 26 à jeudi 27 avril, les équipes de l'ONG ont secouru 38 migrants entassés dans un canot à la dérive.
Peu de temps après, l'Astral est ensuite allé secourir "un bateau lourdement surchargé et à la dérive avec 45 personnes", dont neuf femmes, 10 mineurs et un bébé d’un an. Selon les humanitaires, le naufrage de l’embarcation était imminent.
Enfin jeudi après-midi, le voilier a sorti de l'eau 21 autres exilés. Au même moment, un corps a été retrouvé flottant dans la mer, une bouée autour de son corps. "Nous naviguons pour sauver des personnes vivantes. Quand nous trouvons des cadavres flottant en mer, la frustration et la rage nous secouent", a déclaré sur Twitter Oscar Camps, le fondateur d’Open Arms.
La dépouille a été repêchée pour être déposée en Italie. "Récupérer et identifier les morts est crucial pour restaurer la dignité et l’humanité de ceux qui ont perdu la vie", a ajouté Oscar Camps.
Près de 300 morts en mer en 10 jours
Un autre voilier était présent ces derniers jours aux côtés de l’Astral. Le Nadir, de l’ONG ResQship, a assisté 54 migrants dans la nuit de jeudi à vendredi. L’équipage a distribué des gilets de sauvetage et de l’eau potable aux naufragés, avant que les garde-côtes italiens ne les prennent en charge sur leur bateau.
Mercredi, le Nadir avait déjà porté assistance à 41 exilés dans les eaux maltaises. Parmi eux, une femme enceinte et un enfant de quatre ans. Les migrants ont été déposés dans la foulée au port de Lampedusa.
L’Ocean Viking a lui aussi secouru jeudi "15 personnes en détresse sans gilets de sauvetage" à bord "d’une barque en fibre de verre impropre à la navigation", a précisé l’ONG SOS Méditerranée, qui affrète le navire.
Le même jour, le Géo Barents, de Médecins sans frontières (MSF), a pu débarquer à Naples les 75 migrants secourus en début de semaine au large de la Libye.
Enfin, deux jours plus tôt, le 25 avril, le Humanity 1 a pu accoster à Ravenne, dans la région d’Émilie-Romagne, et débarquer les 68 exilés majoritairement du Soudan qui étaient à bord. Le navire a navigué cinq jours avant de rejoindre le port attribué par Rome, situé dans le centre de l’Italie. "La ‘politique des ports lointains’ augmente le temps d’attente avant d’atteindre la terre ferme, et diminue le temps pendant lequel nous pouvons effectuer des sauvetages", a regretté SOS Humanity, qui affrète le bateau.
Les ONG de secours en mer affirment que leur absence prolongée en mer imposée par l’Italie entraînent des naufrages. Et ce alors que le premier trimestre 2023 a été le meurtrier en Méditerranée, depuis 2017, avec la perte de 441 personnes.
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Ces 10 derniers jours ont également été particulièrement dramatiques. L’Organisation internationale des migrations (OIM) a recensé près de 300 décès en mer entre le 18 et le 26 avril. Et ce chiffre représente uniquement ceux que l’agence onusienne a pu documenter. Nombre de migrants disparaissent sans laisser de trace.