Le ministère de l'Intérieur italien a demandé jeudi à l'île de Lampedusa d'augmenter la capacité de son hotspot de 400 à 1 250 places pour faire face à un afflux de migrants sans précédent. Plus de 2 700 personnes sont actuellement recensées dans le centre d'accueil, rendant la situation invivable.
Lampedusa va accroître sa capacité d'accueil de migrants. Après avoir déclaré l'état d'urgence le 11 avril pour faire face à un afflux de migrants sans précédent, le ministère de l'Intérieur italien a demandé jeudi 27 avril à l'île d'accroître la capacité de son centre d'accueil de 850 places. Il atteindra au total 1 250 places, contre environ 400 aujourd'hui.
Ce projet d'agrandissement sera financé grâce aux cinq millions d'euros débloqués en urgence par le gouvernement italien pour "décongestionner" le hotspot, au bord de l'implosion. Jeudi matin, on comptait 2 705 personnes dans la structure, contre une capacité officielle de 400 places.
Près de 3 000 migrants transférés
La tension migratoire est particulièrement forte actuellement dans le sud de l'Italie. Plus de 31 000 exilés ont débarqué à Lampedusa depuis le début de l'année, soit quatre fois plus qu'à la même période lors des deux années précédentes.
Mercredi, pas moins de 1 078 personnes réparties dans 20 bateaux ont atteint Lampedusa, ce qui a encore accentué la surpopulation de cette île de 6 000 habitants.
Outre l'augmentation de la capacité du centre d'accueil, le gouvernement envisage de déployer des navires et des avions militaires pour envoyer les migrants vers le continent.
Selon l'agence de presse italienne Ansa, une grande opération de transfert impliquant la marine, l'armée de l'air, la police, les garde-côtes et un ferry régulier, a permis de déplacer 2 900 personnes ces derniers jours. Un premier groupe de 389 migrants était déjà parti par ferry vers Porto Empedocle, en Sicile, mercredi soir.
Une situation qui se répète chaque année
Fin mars, Rome avait aussi annoncé une séries de mesures pour désengorger Lampedusa. Le gouvernement prévoyait un examen accéléré des demandes d’asile afin de faciliter les procédures de rapatriement vers des pays sûrs. Il a aussi envisagé d’augmenter les places en centre de rétention du pays pour renforcer les expulsions des personnes non éligibles à l’asile. L’exécutif souhaitait enfin la création d’un centre dans chaque région du pays.
Malgré ces multiples annonces, il semblerait que le gouvernement italien n'ait toujours pas trouvé de solution durable face à l'afflux de migrants constaté ces dernières années. Déjà, l'été dernier, l'ancienne maire de l'île, Giusi Nicolini, avait publié sur sa page Facebook une série de photos et vidéos choquantes, montrant l'intérieur du hotspot croulant sous les ordures et des exilés contraints de dormir à l'extérieur sur des matelas en mousse.
Située à seulement 130 kilomètres des côtes tunisiennes, l'île de Lampedusa fait office de première porte d'entrée pour les migrants qui traversent la mer depuis les côtes tunisiennes ou libyennes, en direction du sud de l'Europe.
Cette semaine, les traversées de la Méditerranée se sont multipliées depuis les côtes tunisiennes. Lundi 24 avril, plus de 1 200 migrants répartis dans 35 bateaux ont été secourus par les garde-côtes italiens. Une vingtaine de personnes restent en revanche portées disparues, a rapporté le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR).
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Les 36 survivants du premier naufrage ont affirmé aux garde-côtes italiens que 19 personnes à bord de leur bateau étaient mortes après avoir chaviré. Trois autres personnes seraient mortes dans un deuxième incident, selon la même source.
Par ailleurs, la Première ministre italienne, Giorgia Meloni était ce jeudi à Londres pour rencontrer son homologue britannique, Rishi Sunak, avec lequel elle a notamment abordé le sujet de la lutte contre l'immigration clandestine.