Des migrants sous le métro Stalingrad, en janvier 2023. Crédit : Picture alliance
Des migrants sous le métro Stalingrad, en janvier 2023. Crédit : Picture alliance

Le campement de Stalingrad, dans le nord-est de Paris, a été évacué mercredi matin. Ce sont ainsi 335 personnes, des hommes originaires d’Afghanistan et d’Afrique subsaharienne, qui ont été orientées vers des hébergements d’urgence en Ile-de-France et en région. Depuis le début de l'année, les autorités ne tolèrent la présence d'aucun camp, même petit, dans les rues de la capitale.

Vers 7h du matin mercredi 10 mai, "335 hommes isolés ont été pris en charge et orientés vers des structures d’accueil" en région parisienne et en province, selon un communiqué de la préfecture d’Ile-de-France et de la préfecture de police.

Ces personnes, principalement originaires d’Afghanistan et d’Afrique subsaharienne, vivaient pour la plupart sous le métro aérien de la station Stalingrad, dans le nord-est de Paris. Mais d’autres passaient leur nuit dans d'autres rues de la capitale.

"Plusieurs exilés, vivant ailleurs, sont arrivés le soir dans le quartier pour profiter eux-aussi d’une place d’hébergement dès le lendemain", précise à InfoMigrants Nikolaï Posner, coordinateur d’Utopia 56 à Paris, dont les équipes étaient présentes lors du démantèlement.


Les migrants dormaient à même le sol, sous le métro Stalingrad. Crédit : Picture alliance
Les migrants dormaient à même le sol, sous le métro Stalingrad. Crédit : Picture alliance


Cette évacuation est la 15e opération de "mise à l’abri" depuis janvier concernant les migrants sans-abri en région parisienne, d’après les autorités, portant à plus de 2 000 le nombre de personnes prises en charge.

L’État veut à tout prix éviter la reconstitution d’importants campements d’exilés, qui comptaient encore, début 2020, plusieurs milliers de personnes en lisière de Paris.

>> À (re)lire : "Avant nous cherchions des abris, maintenant nous cherchons des cachettes" : à Paris, les mineurs à la rue, toujours plus invisibles

Désormais, chaque camp, même minime, est automatiquement démantelé. Tous les soirs, les migrants se cachent de la police et installent un bout de carton dans un endroit isolé, pour éviter d’être délogés dans la nuit. Les tentes, avant plus ou moins tolérées, sont maintenant systématiquement enlevées de l’espace public. Les mineurs sont également visés.

Le campement de Stalingrad n’échappait pas à cette nouvelle politique. Les exilés arrivaient vers minuit sous le métro aérien, dormaient à même le sol, et repartaient au petit matin, ne laissant aucune trace de leur passage, si ce n’est quelques affaires personnelles ou des couvertures.

Des femmes avec enfants réclament un toit

Aux hommes seuls contraints de vivre à la rue s’ajoutent les femmes avec enfants. Des dizaines de de familles, suivies par Utopia 56, ont manifesté mercredi vers 19h devant l’Hôtel de ville de Paris pour réclamer un toit.


Une femme manifeste avec ses enfants devant l'Hôtel de ville de Paris pour obtenir un hébergement. Crédit : Utopia 56
Une femme manifeste avec ses enfants devant l'Hôtel de ville de Paris pour obtenir un hébergement. Crédit : Utopia 56


Plusieurs d’entre elles ont bloqué la rue, empêchant les voitures d’avancer. Après leur retour forcé sur le parvis, "les familles ont été nassées pendant environ trois heures par les policiers", explique Nikolaï Posner.

>> À (re)lire : À Paris, l’errance d’une famille migrante à la rue

Vers minuit, "la mairie a finalement annoncé aux manifestants que la préfecture n’organiserait pas de mise à l’abri", continue-t-il.

La police a interpellé une quinzaine de personnes - dont des femmes seules, des pères de famille et une bénévole d’Utopia 56 - pour "entrave à la circulation". "Des familles ont été séparées lors de ces arrestations", précise encore le responsable associatif. "C’est la première fois qu’on constate des interpellations de ce type".

En début de nuit, les familles restantes ont été prises en charge par l’association et logées dans un parking de l'ouest de Paris, reconverti depuis six mois en espace d’hébergement d’urgence.

 

Et aussi