Dans le camp de Malakasa, des centaines de personnes attendent la réponse de leur demande d'asile. Crédit : InfoMigrants
Dans le camp de Malakasa, des centaines de personnes attendent la réponse de leur demande d'asile. Crédit : InfoMigrants

Depuis début mai, un problème informatique empêche les migrants d’accéder à la plateforme en ligne leur permettant d'enregistrer leur demande d'asile. Les associations craignent que cette mise à l'arrêt forcé des services administratifs des exilés ne créé des sans-papiers.

En Grèce, la plateforme qui permet aux migrants de s’enregistrer pour déposer leur demande d’asile est à l’arrêt. Le site internet, appelé "Alkyoni", affiche depuis plusieurs semaines un message d’erreur. "Désolé, la page que vous recherchez est actuellement indisponible. Veuillez réessayer plus tard", peut-on y lire.

La panne est due à une mise à jour de la plateforme, entamée le 5 mai, indique l’association Refugee Support Aegean (RSA) dans un communiqué.

Depuis cette date, "l'enregistrement des demandes, les entretiens et les autres actions nécessaires à la protection des réfugiés telles que le téléchargement, l’octroi et le renouvellement des documents, y compris les cartes de demandeurs d’asile, ont été brusquement et indéfiniment reportés", signale RSA.

Les agents du service grec d’asile n’ayant pas accès à la base de données et aux fichiers électroniques des migrants, les autorités ont gelé toutes les procédures tant que le problème n’est pas résolu. Cette interruption "viole le droit d’accès à la procédure d’asile", s'insurge l’association d'aide aux migrants en Grèce.

Selon Lefteris Papagiannakis, chef de plaidoyer pour l’ONG Solidarity Now, le ministère de la Migration et de l’Asile a assuré que le site serait de nouveau opérationnel le 6 juin prochain.

Une panne qui place des personnes dans l'illégalité

Mais en attendant, la suspension de la plateforme peut avoir de lourdes conséquences pour les demandeurs d’asile. "Certaines personnes se retrouvent sans-papiers à cause de ce bug", explique à InfoMigrants Lefteris Papagiannakis. Les exilés courent ainsi un "risque de détention et d’expulsion", insiste RSA.

En outre, certaines personnes ne sont pas informées à temps du report de leur rendez-vous administratifs. Et ce, alors que les migrants sont obligés d’être physiquement présent au service d’asile lors de chaque étape de la procédure.

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Résultat : plusieurs exilés se sont rendus par leurs propres moyens aux entretiens – ce qui peut impliquer un long et coûteux voyage depuis les îles de la mer Égée vers le continent – et se sont vus notifier "oralement, après une longue attente" que le rendez-vous ne pourrait avoir lieu, rapporte encore l’association.

L’an dernier, un autre problème technique avait affecté le service de délivrance des cartes de demandeurs de protection internationale, plaçant des milliers de personnes dans l’illégalité.

Saturation du système

La plateforme "Alkyoni" a été lancée en juillet 2022. Dès lors, les migrants arrivés en Grèce doivent passer par ce site pour déposer leur demande d'asile. Une fois le rendez-vous obtenu, les exilés sont sommés de se rendre dans un des centres fermés du pays (RIC).

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Mais "Alkyoni" a rapidement été saturée, et les délais pour obtenir un rendez-vous atteignaient à son démarrage au moins quatre mois. Pendant cette période, les demandeurs n’ont pas droit à un hébergement ou à une aide financière.

Les ONG redoutaient déjà que cette procédure complique encore plus le quotidien des exilés. "Le but de cette nouvelle pratique est de regrouper les demandeurs d’asile dans un même lieu, éviter qu’ils ne soient éparpillés sur tout le territoire, et placer un maximum de personnes dans des camps fermés", avait à l'époque déclaré à InfoMigrants Domitille Nicolet, coordinatrice et avocate de l’association Equal Legal Aid (ELA), basée à Thessalonique.

 

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