Un réfugié syrien armé d'un couteau a fait six blessés, dont quatre enfants de 22 à 36 mois, jeudi 8 juin 2023. Crédit : Reuters
Un réfugié syrien armé d'un couteau a fait six blessés, dont quatre enfants de 22 à 36 mois, jeudi 8 juin 2023. Crédit : Reuters

Jeudi matin, un homme a agressé au couteau un groupe d’enfants âgés de 22 mois à trois ans sur une aire de jeu d’un parc d’Annecy, dans le sud-est de la France. Que sait-on de l’assaillant de cette violente attaque qui provoque une onde de choc dans le pays ?

Peu après 9h30, jeudi 8 juin, un homme vêtu d’un short noir, d’un foulard bleu noué sur la tête a agressé au couteau six personnes, dont quatre enfants âgés de 22 à 36 mois, dans un parc très fréquenté près du lac d’Annecy, dans le sud-est de la France.

Trois des victimes, deux enfants et un adulte, ont un pronostic vital engagé, selon une source proche du dossier.

Pas de "mobile terroriste apparent"

Lors de l’attaque, l’assaillant a dit à deux reprises en anglais : "Au nom de Jésus Christ", peut-on entendre dans une vidéo consultée par l’AFP et confirmée de source policière. Au moment de son interpellation il portait une croix chrétienne.

L’auteur a été interpellé rapidement après les faits. L’agression a provoqué une onde de choc en France. La Première ministre, Elisabeth Borne, a fait le déplacement jeudi à Annecy. "Nous sommes bouleversés par cet acte odieux, inqualifiable", a-t-elle déclaré devant la préfecture de Haute-Savoie, à quelques centaines de mètres du lieu du drame.

"L'enquête permettra de préciser à la fois le parcours, le profil de cet assaillant et naturellement toute la lumière devra être faite".

Selon la procureure d'Annecy Line Bonnet-Mathis, "en l'état on n'a pas d'éléments qui pourraient nous laisser entendre qu'il y a une motivation terroriste".

L'homme était "un sans domicile fixe", il n'avait aucun antécédent psychiatrique et "aucun mobile terroriste apparent", a détaillé la procureure en indiquant qu'une enquête avait été ouverte pour "tentative d''assassinat". Le suspect "n'est pas blessé ou très légèrement".

Réfugié en Suède, père de famille

L'assaillant est né en 1991, de nationalité syrienne.

Abdalmasih H., a vécu 10 ans en Suède, où il a obtenu le statut de réfugié. Dans le pays nordique, il a été marié à une Suédoise, également originaire du Moyen-Orient, avait qui il a eu un enfant, âgé de trois ans aujourd’hui, d’après une source policière.

La jeune femme, qui partageait sa vie avec lui jusqu’à l’an dernier à Trollhättan dans le sud-ouest de la Suède, a affiché son incrédulité. Divorcée depuis quelques mois, elle avoue ne pas "savoir ce qu’il lui est arrivé". "Ce que vous me dites est terrible. Mais je n’ai pas eu de contact avec lui, je ne sais pas où il vit, ni comment il va psychologiquement", a-t-elle confié par téléphone à l’AFP, sous couvert d’anonymat. "Il était très gentil, je ne comprends pas".

Selon son ex-épouse, le Syrien a quitté la Suède car il n’a "pas réussi à obtenir la nationalité suédoise". L'autorité suédoise des Migrations a indiqué que le jeune homme avait demandé et obtenu un permis de séjour en 2013, mais il a échoué à plusieurs reprises à obtenir la nationalité depuis 2017.

Le couple s'était rencontré en Turquie. "Nous sommes tombés amoureux et nous sommes venus ici [en Suède]. Après deux ans, nous nous sommes mariés […] Nous nous sommes séparés parce que je ne voulais pas quitter la Suède", a-t-elle encore raconté.

La femme assure également qu’Abdalmasih H. est parti vers la France il y a sept mois.

Demande d'asile en France

Les autorités françaises ont indiqué avoir enregistré une demande d’asile de sa part fin novembre 2022. Il se présentait comme "chrétien de Syrie".

L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), chargé d'étudier son dossier, n’a pas donné suite à sa demande car il avait déjà demandé, puis obtenu, le statut de réfugié en Suède.

Du point de vue du droit de l'Union européenne, l'homme était donc en situation régulière. Il était aussi inconnu des fichiers de police.

Lors d'un rare échange avec son ex-femme après son départ, l'assaillant a expliqué qu'il vivait "dans une église" en France. "Je n'ai plus beaucoup de nouvelles, il s'est montré très fuyant. Il m'a appelé il y a quatre mois [...] Mais je n'en sais pas beaucoup plus, il est surtout en contact avec sa famille qui vit aux États-Unis", a expliqué la jeune femme.

De nombreux Syriens, dont une importante communauté chrétienne, se sont réfugiés en Suède en fuyant la guerre dans leur pays à partir de 2011.

 

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