Avec son groupe de musique touareg au féminin, Fatou Seidi Ghali navigue entre le désert du Sahel et des tournées en Europe. Les Filles de Illighadad ont d’ailleurs enregistré leur nouvel album l’hiver dernier dans un studio de Cologne, le Bear Cave Studio. Sortie prévue : le 28 octobre.
Des notes électriques, qui se baladent en liberté, autour et sur le rythme du tendé, une percussion traditionnelle réservée aux femmes. Des paroles, scandées, en tamasheq. Pour parler d’amour, de nostalgie et de religion.
Les
Filles de Illighadad font résonner leur blues du désert. Celui qu’elles ont
composé dans la région de Tahoua. Et qu’elles jouent désormais sur des scènes
en Europe, comme celle du printemps de Bourges, dans le centre de la France. Des
scènes qui intriguent parfois la guitariste Fatou Seidi Ghali : "J’adore
tout ce que je vois sur scène en Europe. Les danses, les positions dans
lesquelles jouent les musiciens. Les cris que les gens font dans le public. Ça
m’amuse beaucoup."
Fatou Seidi Ghali a pris sa première guitare en main il y a à peine 6 ans. Son frère en avait ramené une à la maison, à Illighadad, un petit village perdu à mi-chemin entre Niamey et Agadez.
Une artiste originale
Comprendre et faire connaître. C’est la mission que
s’est donnée depuis quelques années l’ethno-musicologue Christopher Kirkley.
L’Américain traverse depuis des années le Sahel pour enregistrer et archiver
les sons du désert. C’est comme ça qu’il a découvert Fatou Seidi Ghali. Elle l’a
intrigué. Car si les femmes ont une place importante dans la musique touareg,
la guitare semblait réservée aux hommes.
Voilà comment les Filles de Illighada habituées à jouer pour des mariages
et des festivals au Niger ont fini par atterrir sur le label Sahelsounds. "La
musique m’aide mais je ne peux pas vraiment en vivre," explique Fatou Seidi Ghali. "
J’ai mon bétail au village. Quand je sors de tournée j’achète quelques bêtes en
plus. Mais j’ai confiance. Ça va venir. Un jour je pourrais en vivre."
Succès international de la musique touareg
Porté par le succès international du groupe Tinariwen, lauréat d’un Grammy
Award en 2011, la musique touareg continue à s’exporter. A l’image de Bombino,
venu d’Agadez qu’on surnomme le Jimi Hendrix du désert. Comme lui, Fatou Seidi
Ghali et les Filles de Illighadad espèrent bientôt faire salle comble en Europe
et dans le monde.
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Par Marco Wolter
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