Un camp de migrants principalement afghans au canal Saint-Martin dans le nord de Paris. Crédits : InfoMigrants
Un camp de migrants principalement afghans au canal Saint-Martin dans le nord de Paris. Crédits : InfoMigrants

Ces dernières semaines, les équipes d’InfoMigrants ont constaté à plusieurs reprises sur le terrain que des migrants déboutés du droit d’asile allaient tenter leur chance dans un autre pays européen. Ils espèrent ainsi échapper au règlement Dublin, mais cette tentative est vaine. Explications.

Dans le camp de fortune du canal Saint-Martin à Paris où s’est rendu InfoMigrants la semaine dernière, nombre de migrants - principalement afghans - avaient déjà demandé l’asile dans un autre pays européen. Déboutés, ils ont décidé de venir en France pour y présenter une nouvelle demande.

Même constat en Belgique, où notre équipe était également présente la semaine dernière et où plusieurs migrants venus de la Corne de l’Afrique ont vu leur demande d’asile déjà rejetée une première fois. “J’ai passé un an et demi en Allemagne puis j’ai été débouté. Je suis en Belgique depuis deux mois et j’espère arriver en Angleterre pour redemander l’asile là-bas”, confie Aman*, un Érythréen rencontré aux abords de la Gare du Nord à Bruxelles.

Peut-on retenter sa chance dans un autre pays de l’Union européenne (UE) ? Pas vraiment. La démarche est vaine, confirme l’association d’aide juridique aux réfugiés, la Cimade, contactée par InfoMigrants. Les migrants déboutés restent toujours soumis au règlement Dublin. Ils n’ont donc quasiment aucune chance d’obtenir l’asile dans un autre pays. “Cela n’arrive presque jamais”, poursuit la Cimade. En revanche, la réglementation prévoit le transfert d'un dubliné vers le pays responsable de lui dans un délai de 6 mois - 18 mois si elle a été déclarée en fuite  : une fois ce délai expiré, le migrants peut redéposer une demande d'asile en France.

>> À lire sur InfoMigrants : Migrants "dublinés", le casse-tête de la demande d’asile

Pour rappel, le règlement Dublin, qui régit la demande d’asile en Europe, prévoit que le premier pays européen d’entrée d’un demandeur d’asile devient le pays compétent pour statuer sur son cas. Devant le volume de demandes d’asile enregistrées (plus de 100 000 en 2017), l’Hexagone applique ainsi systématiquement le règlement Dublin pour ceux qui ont déjà été déboutés dans un autre pays membre de l’UE.

Pourtant, certains migrants s’accrochent encore à l’espoir infime de passer à travers les mailles du filet. En théorie, la France peut décider d’accueillir qui elle veut sur son sol. La souveraineté d’un État prime sur le règlement Dublin. "La France pourrait tout à fait enregistrer la demande d’asile puis l’octroyer à un 'dubliné' en vertu d’une clause familiale ou d’une clause humanitaire”, explique-t-on à la Cimade. Il s’agirait par exemple d’offrir l’asile à un demandeur ayant déjà des membres de sa famille en France. Mais, encore une fois, les cas sont rarissimes.

Avec la sortie imminente du Royaume-Uni de l’Union européenne, beaucoup de migrants pensent aussi qu’une fois arrivés en sol britannique, ils ne pourront plus être expulsés. Cependant, Londres continue pour le moment d’appliquer le règlement Dublin au même titre que les autres membres de l’UE.

>> À lire sur InfoMigrants : Règlement Dublin : les migrants "dublinés" peuvent aussi être expulsés depuis l'Angleterre

*prénom modifié par souci d’anonymat

 

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