Vous allez plaider votre cas devant la Cour nationale du droit d'asile après avoir été débouté de votre demande d'asile par l'Ofpra? Une avocate spécialiste du droit d'asile livre ses conseils pour bien se préparer à l'audience devant cette juridiction.
Quand un demandeur d’asile reçoit une réponse négative de la part de l’Ofpra, il a un mois pour contester cette décision. Pour cela, il doit déposer un recours auprès de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), juridiction administrative siégeant à Montreuil-sous-bois. Il peut aussi, s'il le souhaite, demander à bénéficier de l’aide juridictionnelle - c'est-à-dire demander la présence d'un avocat le jour de l'audience.
Cet avocat, payé par l’État, rédige le recours, prépare le demandeur d’asile pour son audition et le défend le jour de l’audience. Avocate au Barreau de Paris, spécialiste du droit des étrangers et du droit d'asile, Me Aude Rimailho est volontaire à l'aide juridictionnelle. Voilà ses conseils pour se préparer au mieux :
- Plaider dans sa langue maternelle pour être "le plus à l’aise possible dans la narration". À noter : tout demandeur d’asile a droit à un interprète.
- Vérifier la traduction : pour les demandeurs d’asile francophones, exploiter au maximum cet avantage en vérifiant bien la traduction de l'interprète : "si des éléments vous semblent mal traduits, il ne faut ne pas hésiter à corriger, interrompre, reprendre l’interprète".
- Apporter de nouvelles preuves : dans la mesure du possible, apporter des preuves supplémentaires par rapport à celles fournies à l’Ofpra pour solidifier son dossier.
- Répondre aux questions posées : "Il ne faut pas tenter de noyer le poisson en répondant à côté et rester précis"
- Rester factuel : "ll ne faut pas noyer le factuel dans le ressenti. Ce qui intéresse avant tout le juge ce sont les événements qu’une personne a vécus, non ce qu’elle a ressenti en les vivant".
- Avoir un récit cohérent et détaillé : "Il faut toujours se demander si son récit est crédible tout en donnant le plus de détails possibles. C’est ainsi qu’un juge se fera une idée sur ce qui a été réellement vécu et ce qui peut avoir été inventé".
- Ne pas avoir de "blancs" dans le récit : "Il faut que le plaidant soit constant dans son récit, c’est-à-dire qu’il n’y ait pas de parties du récit beaucoup plus détaillées que d’autres. Et s’il y a des oublis liés à des situations traumatiques, c’est à l’avocat de le plaider".
- Rester concentré jusqu'à la fin de l'audience : "Il n’est pas rare que des dossiers se perdent sur une petite incohérence dans le récit. Il faut être vigilant pendant toute l’audience et tant qu’elle n’est pas terminée, il faut rester sur ses gardes".
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